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Décidément, nous n’avons pas les mêmes intérêts !

Depuis plusieurs semaines la librairie est au cœur de l’actualité. Nous assistons à un front quasi unanime pour la réouverture des librairies regroupant Amazon (!), la grande distribution, les syndicats patronaux du secteur du livre (SLF et SNE) ainsi que certains ministres. Les petites mains qui font tourner ces ­fameuses librairies sont, elles, inaudibles.

Pour cause, bon nombre de ces salarié·e·s payé·e·s des clopinettes s’épuisent à faire du « click & collect » et attendent avec inquiétude de connaître dans quelles conditions vont rouvrir les magasins où ils·elles travaillent.

L’intense communication sur le « click & collect » fait craindre la progressive transformation des librairies en Amazon de proximité. Le métier se transforme malgré lui. Qui donc a intérêt à encourager la dématérialisation tout en élargissant les horaires d’ouverture ? Certainement pas les salarié·e·s. Pourquoi, tant qu’on n’y est, ne pas mettre en place des équipes de nuit pour préparer les commandes (si possible avec la possibilité de choisir le motif de l’emballage cadeau…) ?

Pour nos dirigeants, le critère de nécessité évoqué en permanence ne renvoie qu’à des activités générant du profit, mais la librairie étant le commerce qui a les marges les plus faibles, c’est compliqué ! D’ailleurs certains groupes dont Gibert ont, à la faveur du premier confinement fermé brutalement des librairies « non-rentables », d’autres se restructurent ou préparent des fusions partielles (Editis-Hachette). Nul doute qu’il en sera de même à la suite du deuxième confinement. Les menaces qui pèsent sur Gibert Jeune n’étant qu’un exemple.

Dans ce contexte, la dernière trouvaille du syndicat des patrons de librairie détonne : le SLF dans sa newsletter du 17 novembre 2020 annonce un partenariat entre Korian et le portail librairiesindependantes.com (une émanation du SLF). Il fallait oser faire de la pub pour le groupe Korian en pleine crise sanitaire qui touche particulièrement les personnes vivant en Ehpad. Korian s’est en effet illustré à maintes reprises ses dernières années par sa capacité à engraisser ses actionnaires sur le dos des personnes âgées qui vivent dans ses Ehpad, ses cliniques spécialisées et ses résidences service.

Ces dernières années, Korian a versé des millions d’euros de dividendes à ses actionnaires. À l’exception toutefois de 2020 où, probablement pris de remords, le groupe a renoncé. Pour exemple, en 2019, ces derniers ont reçu en tout 50 millions d’euros tandis que la directrice générale voyait ses revenus annuels atteindre un million d’euros.

Dans le même temps, des patients meurent d’intoxication alimentaire, des salarié·e·s font l’objet de procédures disciplinaires ou de licenciements pour avoir témoigné de leurs conditions de travail et des mauvais traitements que subissent certain·e·s usager·e·s. Dans la droite ligne de la politique catastrophique de santé publique du gouvernement, Korian rogne sur les effectifs, sur les moyens de protection, de dépistage au sein des établissements qu’il gère. Officiellement tout va bien, pourtant les plaintes pour des faits d’homicide involontaire, mise en danger de la vie d’autrui et non-assistance à personne en danger se multiplient.

Une chose est bien commune aux librairies et aux Ehpad de Korian : la non-reconnaissance des statuts. De la même façon que nombre de libraires « niveau 2 » font un travail de gestionnaire, nombre d’agents de propreté font à Korian le travail d’aide-soignant·e, d’infirmier·e.

Nos organisations demandent donc que soit mis fin sans délai à ce partenariat qui déshonore notre profession.

Marseille & Paris, 19 novembre 2020

Pour plus d’information sur Korian, consulter le
blog de la section Korian du syndicat Sud Santé sociaux

SUD CULTURE 13 Librairie
29, bd Longchamp, 13001 Marseille sudculture13(a)gmail.com

Section CGT Gibert Joseph
26-34 boulevard Saint-Michel, 75006 Paris
cgt.librairies(a)gmail.com

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La main de l’exécutif a encore frappé, fort !

La casse du service public opérée depuis bien des années nous amène aujourd’hui à un nouveau confinement

Depuis le 17 mars 2020 le secteur culturel est à l’arrêt. Après l’interdiction d’ouverture des lieux de spectacles, de la tenue des festivals, de toute manifestation culturelle, une reprise timide s’est mise en place en septembre pour finalement être fortement malmenée par le couvre-feu et complètement anéantie par la reprise du confinement fin octobre.

Les structures culturelles (cinémas, théâtres, musées, bibliothèques, librairies…) ne peuvent plus recevoir de public, les activités périscolaires culturelles sont interdites, parce que ces activités ne seraient pas « essentielles ».

Le coup porté au secteur culturel est terrible

La qualification d’activités essentielles serait réduite par le gouvernement comme étant des activités générant du profit et participant à la bonne marche d’un système capitaliste, nous forçant à débattre sur la légitimité d’une activité en temps de crise. Alors que le débat n’est pas là.

D’abord parce qu’il entraîne une précarisation encore plus grande des salarié·e·s du secteur.

Le chômage partiel, même s’il était appliqué ne ferait que diminuer encore les futures allocations chômage des intermittent·e·s du spectacle qui auront pu renouveler leurs droits. Pour la plupart l’année blanche ne fera que repousser le problème puisqu’au 31 août 2021 la plupart des artistes et technicien·ne·s n’auront pas pu travailler et ne renouvelleront pas leur droit à l’allocation. Pour les nouveaux entrants dans le régime qui ne bénéficient pas de l’allocation chômage, ils·elles n’ont rien. Pas de travail, pas de ressources, pas d’aide.

Ensuite, parce que la culture est essentielle. Elle ne peut se limiter au « Click & Collect », à l’achat de livres sur Amazon, au visionnage en ligne d’un opéra, d’une visite virtuelle dans un musée. La culture est un besoin, un droit et doit être accessible à tous. Au même titre que le besoin vital de s’alimenter nous avons besoin de voir, de lire, d’entendre, de dire.

Aujourd’hui, le gouvernement,  continuant une politique libérale qui a mis le système de santé en péril aggrave les inégalités, nous infantilise, nous culpabilise, et nous prive de l’accès à nos droits fondamentaux.

Alors, évidemment l’année blanche ne suffira pas, les aides ponctuelles aux librairies ne suffiront pas, les crédits accordés aux structures culturelles ne suffiront pas.

Dans ce contexte de crise aggravée par l’incurie assumée des politiques publiques de santé, des garanties sociales doivent être assurées par l’État.

SUD CULTURE DEMANDE :

  • une concertation avec les travailleuses et travailleurs du secteur culturel
  • La prolongation des droits à l’assurance chômage pour un an  après la reprise normale de l’activité, puisque la date butoir du 31 août 2021 devient caduque au vu de la situation actuelle
  • aucune perte de salaire en cas de recours à l’activité partielle
  • un revenu garanti pour tous les précaires qui permette de vivre dignement
  • le retrait définitif de la réforme de l’assurance chômage
  • l’interdiction des licenciements pour les entreprises touchant des aides de l’État
  • une redéfinition des politiques culturelles pour mettre fin à la marchandisation de la culture

Sud Culture 13 Solidaires
Marseille, 12 novembre 2020

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