Étiquette : culture
Action en justice contre le Mucem
À l’occasion des dix ans du Mucem une centaine de personnes des secteurs culturel, associatif et de l’éducation, avec le soutien des syndicats Sud Culture et Sud Éducation, ont envahi samedi 3 juin les festivités d’anniversaire pour prendre la parole, déployer des banderoles et distribuer des tracts. Des bateaux se sont aussi invités à la fête, affichant leurs revendications sur voiles et bannières.
Au programme de cette déambulation dans le musée : précarisation des métiers de la culture, casse du secteur public, privatisation et sous-traitance…
Bienvenue aux 10 ans du Mucem, 10 ans de vitrine, coup de comm’, précarité, instrumentalisation du secteur culturel, et casse du service public !
Feux d’artifice, baleines irradiées, contes féeriques. Quelle incroyable opération de communication nous rassemble aujourd’hui ! Mais que fête-t-on réellement ?
Derrière les strass, lumières et paillettes, cet anniversaire marque une décennie de politiques locales aux conséquences désastreuses, depuis que Marseille a été consacrée capitaine européenne de la culture. Si le Mucem peut se targuer de célébrer en grande pompe, c’est bien que comme beaucoup d’institutions culturelles nationales, ce musée s’obstine à détourner le regard du contexte de mobilisation et d’embrasement historique que nous traversons depuis 2013.
Contre la dépolitisation de nos lieux de travail et de lutte, nous travailleur.euse.s du secteur culturel, éducatif et associatif marseillais, réuni.e.s en Assemblée Générale, représentant.e.s de collectifs et militant.e.s, nous nous invitons à la fête ! Celle de la privatisation du secteur public, celle de la précarisation continue, celle de la casse de nos acquis sociaux, celle de la gentrification insidieuse de Marseille, ville-laboratoire des politiques publiques les plus violentes et discriminantes par ailleurs.
Mais aujourd’hui, le cœur est à la fête ! Réjouissons-nous ! Divertissons-nous ! Nous aurons tout le temps demain pour mieux ignorer les dégâts que les politiques néolibérales infligent quotidiennement à nos vies et à nos conditions de travail ! Premier musée national déconcentré, le Mucem en cristallise les effets délétères. Cette commémoration signe une décennie de précarisation des salarié.e.s/prestataires du secteur culturel marseillais.
Derrière la résille de béton, la réalité des travailleur.euse.s du Mucem est scandée par le recours à outrance aux stages et aux services civiques, aux contrats dits aidés, à la reconduction illégitime des CDD, au salariat déguisé, à des prestataires de services.
Derrière le vernis intellectuel et les opérations de communication posant le MuCEM comme avant-garde des questions de société, c’est, pour les employé.e.s des prestataires, le fonctionnement d’une entreprise privée qui prévaut, se déchargeant des missions de service public.
En 2013, c’est bien un fantastique laboratoire de la culture néolibérale qui a été inauguré avec la désignation de Marseille en Capitale Européenne de la Culture, célébrée en grande pompe lors de l’inauguration du Mucem par François Hollande. Avec le parachutage de Pierre-Olivier Costa à la direction du Mucem, entre autres nominations, Emmanuel Macron continue d’avancer ses pions.
À la mainmise des pouvoirs publics nationaux s’associe un vaste programme de gentrification de Marseille, devenu un laboratoire d’expérimentation urbaine et sociale, lui aussi piloté d’en-haut. En 2023, le bilan est sans appel : sous couvert de renforcer l’attractivité ou de dynamiser les quartiers, la mise en œuvre de projets tels qu’Euromed, les Terrasses du port ou la prochaine Cité scolaire internationale « Jacques Chirac » (par Bouygues construction et les architectes du Mucem Ricciotti & Carta) n’a conduit qu’à lisser le paysage urbain, homogénéiser les populations et exclure des marseillais.e.s de leurs propres quartiers.
Nous refusons de voir la culture plus longtemps instrumentalisée pour faire de Marseille cette capitale du capitalisme culturel.
Faisons converger les colères, dénonçons la réforme des retraites, la destruction du code du travail, de l’assurance chômage, la précarité généralisée des travailleur.euse.s avec ou sans papiers, le démantèlement de l’école publique, le RSA sous conditions, la Loi Asile et Immigration. La liste est longue et la logique toujours la même : s’assurer une main d’œuvre corvéable et flexible à laquelle on imposera de travailler toujours plus long-temps, dans des conditions toujours plus dégradées.
Nous refusons de tourner la page, non pas pour nous accrocher en vain au mirage d’un mouvement social fantasmé, mais parce que les enjeux vont au-delà de la réforme des retraites ! Nous refusons ce monde d’expulsions, de gentrification et de précarisation !
Mobilisation des secteurs culturels
À Marseille, la CGT Spectacle et Sud Culture appellent à se regrouper et participer aux manifestations contre la réforme des retraites.
Nous étions plus de 3 millions dans les rues le 7 mars. Malgré un rejet massif de la réforme, le Sénat a adopté l’article 7 portant sur le report de départ à la retraite à 64 ans.
LA MOBILISATION NE DOIT PAS FAIBLIR !
Nous, organisations syndicales représentatives des secteurs du spectacle vivant, du cinéma, de l’audiovisuel, de la radio et de l’animation refusons en bloc le projet de réforme des retraites actuellement en débat au Sénat.
Nos métiers nous animent, nous les exerçons avec passion. Pour autant, que nous soyons artistes ou technicien.nes, administratifs ou personnels d’accueil, artistes autrices et auteurs, animatrices et animateurs, ou encore enseignant.es artistiques, nos parcours professionnels sont souvent fragiles.
Faiblesse des salaires, parcours hachés, accidents de carrière, multiplicité de statuts et protection sociale insuffisante expliquent aujourd’hui la grande faiblesse de nos pensions de retraite.
Le droit de profiter d’une retraite digne et en bonne santé à l’issue d’une carrière professionnelle devrait être le fondement de toute réforme. Le gouvernement n’en a que faire et depuis des semaines, il tente d’imposer sa réforme mortifère contre l’avis de la très grande majorité des travailleuses et des travailleurs de ce pays. Il faudrait travailler toujours plus longtemps, supprimer les régimes les plus protecteurs pour « sauver le système par répartition » ou encore pour assurer plus de « justice sociale ». De qui se moque-t-on ?
Une autre voie est possible. Nos aspirations, comme celles de millions de travailleuses et travailleurs, sont plus légitimes. Notre système de retraite nécessite davantage de solidarité pour répondre à la précarité qui s’impose partout ou aux inégalités salariales qui persistent en défaveur des femmes, dans nos secteurs comme ailleurs.
Réforme sexiste, réponse féministe ! La journée internationale des droits des femmes qui a rassemblé des milliers de personnes dans toute la France le 8 mars était d’ailleurs placée sous le signe de la lutte contre la réforme des retraites et des inégalités salariales.
Face à l’obstination du gouvernement pour faire passer son projet de réforme délétère, seul un mouvement social d’ampleur inédite nous permettra de gagner le retrait de ce texte.
Rdv samedi 11 mars à 14h au Vieux Port à Marseille !
Informations et précisions relatives à l’obligation réglementaire de présentation du passe sanitaire dans les lieux culturels pour les salarié·e·s de ce secteur
Dès le 13 juillet, suite à l’annonce d’Emmanuel Macron, certains directeurs de structures culturelles ont pu communiquer à tous leurs salariés la nécessité de présenter un passe sanitaire dès le 30 août pour pouvoir travailler dans ces structures (et pour certains inciter fortement à la vaccination), en application de la loi qui serait votée par suite au Parlement. Aussi, avant même le vote et l’adoption de la loi, le ministère de la culture envoyait une circulaire à l’intention des directeurs de structure afin de préciser que la dite obligation s’appliquerait à l’ensemble des salariés des lieux visés. Cette précision n’était cependant que « conditionnelle » puisque le décret d’application de la loi n’était pas encore élaboré en Conseil des Ministres, ni la loi encore adoptée.
Vu la loi n°2021-1040 du 5aout 2021 ;
Vu le décret n° 2021-1059 du 7 août 2021modifiant le décret n° 2021-699 du 1er juin 2021 prescrivant les mesures générales nécessaires à la gestion de la sortie de crise sanitaire ; Vu l’article 1132-1 du Code du travail ;
Vu l’article 225-1 du Code pénal ;
Vu l’article 14 de la Convention européenne des Droits de l’homme (principe de non discrimination) ;
Au préalable, il convient de préciser que la loi du 5 aout ainsi que son décret d’application prévoit 3 documents caractérisant un « passe sanitaire ». Ainsi, la vaccination n’est que l’un des 3 moyens d’obtenir le sésame et relève de la vie privée de chacun. En conséquence,et selon la résolution du Conseil de l’Europe du 27 janvier 2021 intitulée « vaccins contre la covid-19: considérations éthiques, juridiques et pratiques »le texte précise au paragraphe 7.3 de « s’assurer que les citoyens et citoyennes sont informés que la vaccination n’est pas obligatoire et que personne ne subit de pressions politiques, sociales ou autres pour se faire vacciner, s’il ou elle ne souhaite pas le faire personnellement ». En conséquence de quoi, un employeur suivant cette préconisation ne peut inciter ses salariés à se faire vacciner en vue de travailler dans l’entreprise puisque ces derniers subiraient, de fait, une pression économique et sociale conséquente.
Le décret d’application de la loi du 5 août 2021, relative à la gestion de la crise sanitaire et à l’obligation de présentation d’un passe sanitaire pour certains salariés des secteurs en contact direct avec le public, réglemente les conditions d’accès à l’emploi pour les salariés du secteur culturel, notamment.
L’article 47-1 du décret précise les lieux et établissements visés par l’obligation de présentation du passe sanitaire pour y accéder, y figurent notamment les salle de spectacles de type L (art 47-1, II, 1°, a).
Le texte précise aussi les personnes visées par l’obligation de présentation du passe sanitaire dans les établissements susvisés. Ainsi, les documents « doivent être présentés pour l’accès des participants, visiteurs, spectateurs, clients ou passagers aux établissements, lieux, services et évènements suivant … ». Plus loin, l’article étend l’obligation de présentation du passe sanitaire à certains salariés en ces termes « Le présent article est applicable, à compter du 30 août 2021, aux salariés, agents publics, bénévoles et aux autres personnes qui interviennent dans les lieux, établissements, services ou événements concernés, lorsque leur activité se déroule dans les espaces et aux heures où ils sont accessibles au public, à l’exception des activités de livraison et sauf intervention d’urgence. »
En conséquence, les salariés soumis à l’obligation de présentation du passe doivent remplir les trois conditions cumulatives prévues par le décret, c’est à dire :
- que l’activité se déroule dans le même espace que celui réservé au public ;
- que l’activité se déroule dans le mêmes horaires que la présence du public ;
- que l’activité ne soit pas une livraison ou une intervention d’urgence.
Ainsi, il faut que le salarié concerné soit en contact direct avec le public. Par conséquent, les salariés du secteur culturel ayant comme activité le montage, les répétions, le démontage et la régie des spectacles ou les activités administratives ne semblent pas concernés par l’obligation de présentation d’un passe sanitaire puisque le public n’est pas présent dans ces temps de travail. Aussi, pendant le spectacle, les coursives, les passerelles, les régies, ainsi que le plateau ne sont pas des lieux accessibles au public. Nous pouvons donc en conclure que même sur le temps d’un spectacle la grande majorité des techniciens et personnels administratifs ne sont pas soumis à cette réglementation.
Pour finir, l’article 1132-1 du Code du travail précise « qu’aucune personne ne peut être écartée d’une procédure de recrutement ou de nomination ou de l’accès à un stage ou à une période de formation en entreprise, aucun salarié ne peut être sanctionné, licencié ou faire l’objet d’une mesure discriminatoire, directe ou indirecte… ». Aussi, le Code pénal prévoit que « La discrimination définie aux articles 225-1 à 225-1-2, commise à l’égard d’une personne physique ou morale, est punie de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende lorsqu’elle consiste : (…)2° A entraver l’exercice normal d’une activité économique quelconque ; 3° A refuser d’embaucher, à sanctionner ou à licencier une personne (…).
De fait, il semblerait que le fait d’écarter un salarié non soumis à l’obligation de présentation d’un passe sanitaire aurait les caractéristiques juridiques d’une discrimination à l’embauche pour des raisons de santé, de croyance ou de convictions politiques.
Marseille, le 2 septembre 2021
Manifeste de La Criée occupée
À la suite de la manif du 1er Mai à Marseille entre 400 et 500 personnes se sont retrouvées à La Criée pour occuper la grande scène de ce théâtre et faire une gigantesque AG ! Les occupant·e·s en ont profiter pour lire le manifeste que nous reproduisons ci-dessous.
Pour suivre l’actualité des occupations à Marseille :
La Criée • Le Merlan/Zef • Frac
« S’emparer d’un espace. Ouvrir des portes verrouillées. Y entrer. Ouvrir les fenêtres. Faire entrer de l’air, des corps, des voix. Ne surtout pas refermer les portes derrière nous. Puis tenter ensemble de définir ce « nous ».
Ou justement pas.
Peut-être que c’est justement ça qui est nécessaire. Qui est humble même. Que ce « nous » soit dense et pluriel. Que pour une fois, on ne soit pas catégorisé-e-s et sectorisé-e-s. Qu’on refuse de ne plus se croiser, de ne plus se retrouver, de ne plus échanger. Qu’en entrant dans cette salle, on se dise qu’on en fait un lieu de lutte. Un lieu des luttes. On a crié, on crie et on va continuer à crier. On veut et on va le faire ensemble. Le faire fort. Tellement plus fort qu’avant. Parce qu’on en a besoin. Parce qu’on est loin d’être essouflé-e-s et loin d’être satisfait-e-s. Ce n’est pas qu’une nécessité, c’est une urgence.
S’approprier cet espace est impératif. Donc, on le prend. Pour tellement de raisons.
Déjà, pour expérimenter. Ce système qu’on nous impose ne nous convient pas. Sur ce point, on est tous-tes d’accord ? Oui ? On espère aussi tous-tes s’entendre sur notre désir d’essayer un fonctionnement différent et qui nous ressemble. Parce qu’on est convaincu-e-s qu’autrement, ça serait sûrement mieux. Mais il faut qu’on éprouve nos idées, qu’on fasse des tentatives, qu’on déconstruise. Sauf que jusqu’ici, on ne nous a jamais laissé de place pour le faire. Même un petit. Alors, cet espace on le prend par nous-même. En plus, il est grand cet espace donc on aura la place de faire toutes les tentatives qui nous animent. Nombreuses sont les réflexions entamées ici, depuis un mois et trois semaines. Dans ces murs ont pu résonner des idées anti-capitalistes, anti- transphobes, anti-sexistes, anti-racistes, anti-militaristes, anti-répressions, anti-validistes, anti- élitistes, anti-surveillance, anti- violence, anti-discriminations, … L’énumération est longue et s’allongera. Elle est ouverte : proposez ! On ne parle pas d’une utopie naïve. On rejette plutôt un héritage dystopique. C’est du concret. Ce sont nos luttes. Ce sont nos endroits de résistances politiques. Elles sont nombreuses et légitimes. Faisons-les se rencontrer et utilisons ces espaces occupés pour les mettre en pratique.
Pour élargir ce qu’on revendique. Cessons de dire qu’on en demande trop. On n’a pas à se justifier de notre soif de contestations. Rejetons l’argument frileux qui dit de se focaliser sur une seule problématique pour s’assurer qu’on obtiendra au moins un contentement. Ça ne nous désaltérera pas. L’abrogation de la réforme de l’assurance chômage est une priorité. Cependant, cette réforme est le témoignage concret de la mise en place d’une violence d’état et d’une politique d’austérité plus large. On bouillonne et c’est tellement normal. Il n’y a plus de tolérance possible. Impossible de les laisser appuyer sur la tête de ceux-celles qui se noient.
Pour se rendre visible. Cessons d’occuper de façon marginale et discrète un hall à la Criée ou une salle multimédia au FRAC PACA. On nous cantonne à des espaces qui ne dérangent pas ou peu.
Comment accepter d’être dans la périphérie d’une économie institutionnelle et culturelle qui continue de tourner ? On ne veut plus être considéré-e-s comme des passant-e-s, comme de la concession temporaire et négociable, comme des visiteur-euse-s. Notre désir de lutte n’est pas éphémère. On ne veut plus être dans ce rapport de force. Inversons-le. On prend puis on discute. On ne discute pas pour espérer prendre. On confisque. On fait du bruit. On tape sur les casseroles. On pousse une gueulante.
Pour lancer un ultimatum. Ce « nous » doit s’élargir. Cette prise d’espace est aussi l’occasion de mettre sur la table une injonction : directeur-rice-s, il est temps de vous positionner. Ne signez pas une tribune dans les journaux appuyant nos revendications pour aller dans le sens de l’opinion publique et pour vous protéger médiatiquement. Ce n’est pas concret. C’est édulcoré et bien pensant. Vous êtes d’accord avec nos revendications ? Dans ce cas là, ne vous les appropriez pas dans le discours : sortez de vos bureaux ! Faites corps.
Pour se réapproprier des outils. Prendre la main sur ce moyen de production. Pour tenter d’en faire autre chose qu’un temple de la culture excluant. On pense qu’ici peuvent résonner plusieurs récits, peuvent se rencontrer plusieurs imaginaires, peuvent s’associer des groupes et des personnes que l’organisation actuelle de la société fait tout pour séparer. Re-démocratiser le théâtre uniquement fréquenté par une vieille élite bourgeoise blanche. On veut ouvrir des espaces d’éducations populaires. Créer un espace de rencontres, de frictions et d’élaborations communes. Se sentir légitimes d’entrer ici. D’y faire des agoras. D’y créer, d’y inventer, d’y débattre. On est fatigué-e-s d’être divisé-e-s. Fatigué-e-s de l’injonction à confondre distanciation physique et distanciation sociale. On va faire de cet espace un outil accessible pour sortir de nos microcosmes. On a absolument besoin de se rencontrer.
Aujourd’hui, maintenant, on prend ce théâtre. Ou plutôt, on le récupère. Parce qu’en soit il est à nous. Et maintenant qu’on est dedans, on peut vous assurer qu’il n’y aura pas de réouverture des lieux de culture sans droits sociaux. On prend. Donc, on décide. »
Outre un montage vidéo sur la manif à Marseille vous trouverez ci-dessous le communiqué national du syndicat Sud Culture
Une mobilisation réussie qui en appelle d’autres !
Nous étions plusieurs dizaines de milliers à défiler vendredi 23 avril 2021, dans toute la France contre la précarité, la réforme de l’Assurance Chômage et pour la conquête de nouveaux droits sociaux. Une belle démonstration de force en prévision d’un Premier Mai de Combat
Plusieurs dizaines de milliers dans la rue…
Malgré la pandémie et la déprime d’un temps suspendu aux dénégations sans fin du gouvernement, l’appel porté nationalement par les lieux culturels occupés, Solidaires, la CGT, Sud Culture a été entendu dans de très nombreuses villes. De Paris à Pau, de Rennes à Marseille, des collectifs de Sans-Papiers aux occupant·es des lieux de la culture, des hospitalier·ères aux collectifs de luttes, des retraité·es aux étudiant.es, toutes et tous se sont retrouvé·es dans la rue pour construire une mobilisation à l’ambiance
festive et déterminée.
…et la semaine prochaine on continue
La réussite de cette première grande journée unitaire de manifestation
contre la précarité doit servir de point d’appui pour un Premier Mai massif et offensif. Sud Culture appelle à poursuivre et amplifier la mobilisation le Premier Mai et au-delà.
Contre la crise sanitaire et économique, propageons les luttes !
Sud Culture 13 soutien et relai les occupations du Théâtre de La Criée et du Théâtre du Merlan/ZEF. Ci-dessous le premier communiqué des occupant·e·s de La Criée.
En ce lundi 15 mars, nous, étudiant.es, intermittent.es et professionnel.elles de la culture, déclarons rejoindre le mouvement national d’occupation des théâtres en investissant, jour et nuit, La Criée, CDN de Marseille.
Nous ne pouvons plus tolérer le silence insultant du gouvernement.
Nous ne pouvons plus admettre l’écrasement de nos droits, espoirs et ambitions.
Nous ne pouvons plus parler, penser ni créer sans lieu pour s’entendre, sans espace pour être entendus. Il faut redonner aux acteur.ices de la culture la place qui leur est due. Une telle exclusion n’est plus tolérable.
Étudiant.es de l’ERACM, des CFA des métiers du spectacle, élèves des conservatoires de région et professionnel.les de la culture, nous serons dans le théâtre et hors du théâtre pour créer et crier haut et fort, tous.tes ensemble, contre la farce qui nous est imposée. Le bâton vient de frapper son troisième et dernier coup sur le plancher encore neuf des scènes abandonnées, voici venu le moment où nous prenons la parole pour être entendus.
Nos revendications n’ont pas changé, puisque le gouvernement refuse de répondre aux demandes pressantes exposées par tous.tes les technicien.nes et artistes militant.es.
Nous exigeons :
- La réouverture des lieux de culture dans le respect des consignes sanitaires ;
- Une prolongation de l’année blanche, son élargissement à tous.tes les travailleur.ses précaires, extras et saisonnier.ères entre autres, qui subissent les effets, à la fois de la crise et des politiques patronales, ainsi qu’une baisse du seuil d’heures minimum d’accès à l’indemnisation chômage pour les primo- entrant.es ou intermittent.es en rupture de droits ;
- Des mesures d’urgence face à la précarité financière et psychologique des étudiant.es touché.es par la crise sanitaire ;
- La mise en place d’un revenu pour les moins de 25 ans afin qu’elles.ils puissent se loger, se nourrir et vivre dignement ;
- Un plan d’accompagnement des étudiant.es du secteur culturel en cours d’études et à la sortie pour leur permettre d’accéder à l’emploi. La proposition d’un prolongement du temps d’études et d’éligibilité aux fonds d’insertion ;
- De toute urgence, des mesures pour garantir l’accès à tous.tes les travailleur.euses à l’emploi discontinu et auteur.rices aux congés maternité et maladie indemnisés ;
- Un retrait pur et simple de la réforme de l’assurance chômage ;
- Un financement du secteur culturel passant par un plan massif de soutien à l’emploi en concertation avec les organisations représentatives des salarié.es de la culture ;
- Des moyens pour garantir les droits sociaux – retraite, formation, médecine du travail, congés payés – dont les caisses sont menacées par l’arrêt des cotisations.
Nous occupons l’intérieur pour qu’il se passe des choses à l’extérieur. Nous rejoignons cette mobilisation nationale pour que tous les lieux de culture deviennent la place d’une prise de parole commune à tous.tes les oublié.es, invisibilisé.es et précarisé.es par les décisions politiques illogiques, dangereuses et inutiles.
Mettre la culture à l’arrêt c’est ajouter à la contrition du masque, l’enfermement de la pensée sensible. Ne pas répondre à la précarité c’est perdre la force, la joie et la richesse de celles et ceux qui permettent la force, la joie et la richesse. Ouvrir les théâtres c’est redonner vie à la parole et aux questionnements qui disparaissent au profit d’annonces brutales et d’exigences de résignations. Nous ne nous résignerons pas.
L’art a cela de beau qu’il ouvre à la fois le cœur et la tête. Ouvrons. Occupons.
Les occupant.es du CDN – La Criée, Théâtre National de Marseille
15 mars 2021
Aujourd’hui plus d’une cinquantaine de lieux culturels sont occupés dans toute la France dont La Criée et Le Merlan à Marseille. Ce nombre augmente sans arrêt depuis l’occupation du théâtre de l’Odéon à Paris qui a commencé le 4 mars 2021. De nombreuses assemblées générales ont lieu chaque jour dans ces lieux.
Le gouvernement vient de faire des annonces (notamment une rallonge budgétaire du plan de relance et l’accès aux congés maladie et maternité pour les intermittent·es) et rien n’est dit clairement ni sur la prolongation de l’année blanche ni sur un horizon et sur les conditions de réouverture des lieux. Quant à abandonner la réforme de l’assurance chômage (qui doit entrer en vigueur au 1er juillet prochain), il n’en est toujours pas question.
Il s’agit donc bien de venir d’une main poser quelques rustines tandis que de l’autre on détruit le navire. Pour rappel, l’une des mesures les plus dévastatrices de la réforme chômage est l’augmentation de la durée de travail nécessaire pour ouvrir des droits. Il faudra avoir travaillé 6 mois au lieu de 4 actuellement.
Nous continuons à exiger :
- Une autre politique publique de la culture qui réponde véritablement aux préoccupations des premier·e·s concerné·e·s, travailleurs·euses artistes, technicien·ne·s et leurs équipes.
- Un vrai plan de relance pour financer toutes les formes de travail (créations, répétitions…) toutes disciplines confondues (spectacle vivant, audiovisuel, arts plastiques…) en concertation avec les salarié·e·s de la culture.
- Des dispositifs d’aide à la diffusion sur tout le territoire national avec des moyens financiers et logistiques conséquents.
- Un devoir de solidarité des entreprises du secteur, excédentaires en raison de la non-activité : reversement des excédents sous la forme d’un fond national de solidarité.
- La prolongation d’une année blanche et son élargissement aux nouveaux et nouvelles entrant·e·s à compter de la réouverture de l’ensemble des lieux culturels.
- L’indemnisation de tou·te·s les chômeurs·chômeuses sur la base d’un Smic minimum ou du dernier salaire avec maintien des droits sociaux (maladie, retraite, maternité, prévoyance, formation).
- L’arrêt des exonérations et des suppressions de cotisations sociales. Ce sont des dizaines de milliards qui partent en fumée et qui affaiblissent toujours plus notre système d’assurance chômage ainsi que toutes les branches de la Sécu.
- L’abandon des reformes chômage et retraites.
Nous soutenons les occupations des lieux culturels en cours, et appelons, avec celles et ceux qui les occupent, à amplifier la mobilisation, qu’elle se répande comme une traînée de poudre.
Sud Culture 13 Solidaires
Marseille, 18 mars 2021
La casse du service public opérée depuis bien des années nous amène aujourd’hui à un nouveau confinement
Depuis le 17 mars 2020 le secteur culturel est à l’arrêt. Après l’interdiction d’ouverture des lieux de spectacles, de la tenue des festivals, de toute manifestation culturelle, une reprise timide s’est mise en place en septembre pour finalement être fortement malmenée par le couvre-feu et complètement anéantie par la reprise du confinement fin octobre.
Les structures culturelles (cinémas, théâtres, musées, bibliothèques, librairies…) ne peuvent plus recevoir de public, les activités périscolaires culturelles sont interdites, parce que ces activités ne seraient pas « essentielles ».
Le coup porté au secteur culturel est terrible
La qualification d’activités essentielles serait réduite par le gouvernement comme étant des activités générant du profit et participant à la bonne marche d’un système capitaliste, nous forçant à débattre sur la légitimité d’une activité en temps de crise. Alors que le débat n’est pas là.
D’abord parce qu’il entraîne une précarisation encore plus grande des salarié·e·s du secteur.
Le chômage partiel, même s’il était appliqué ne ferait que diminuer encore les futures allocations chômage des intermittent·e·s du spectacle qui auront pu renouveler leurs droits. Pour la plupart l’année blanche ne fera que repousser le problème puisqu’au 31 août 2021 la plupart des artistes et technicien·ne·s n’auront pas pu travailler et ne renouvelleront pas leur droit à l’allocation. Pour les nouveaux entrants dans le régime qui ne bénéficient pas de l’allocation chômage, ils·elles n’ont rien. Pas de travail, pas de ressources, pas d’aide.
Ensuite, parce que la culture est essentielle. Elle ne peut se limiter au « Click & Collect », à l’achat de livres sur Amazon, au visionnage en ligne d’un opéra, d’une visite virtuelle dans un musée. La culture est un besoin, un droit et doit être accessible à tous. Au même titre que le besoin vital de s’alimenter nous avons besoin de voir, de lire, d’entendre, de dire.
Aujourd’hui, le gouvernement, continuant une politique libérale qui a mis le système de santé en péril aggrave les inégalités, nous infantilise, nous culpabilise, et nous prive de l’accès à nos droits fondamentaux.
Alors, évidemment l’année blanche ne suffira pas, les aides ponctuelles aux librairies ne suffiront pas, les crédits accordés aux structures culturelles ne suffiront pas.
Dans ce contexte de crise aggravée par l’incurie assumée des politiques publiques de santé, des garanties sociales doivent être assurées par l’État.
SUD CULTURE DEMANDE :
- une concertation avec les travailleuses et travailleurs du secteur culturel
- La prolongation des droits à l’assurance chômage pour un an après la reprise normale de l’activité, puisque la date butoir du 31 août 2021 devient caduque au vu de la situation actuelle
- aucune perte de salaire en cas de recours à l’activité partielle
- un revenu garanti pour tous les précaires qui permette de vivre dignement
- le retrait définitif de la réforme de l’assurance chômage
- l’interdiction des licenciements pour les entreprises touchant des aides de l’État
- une redéfinition des politiques culturelles pour mettre fin à la marchandisation de la culture
Sud Culture 13 Solidaires
Marseille, 12 novembre 2020