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Mucem : Marseille unie contre l’exploitation & Macron

À l’occasion des dix ans du Mucem une centaine de personnes des secteurs culturel, associatif et de l’éducation, avec le soutien des syndicats Sud Culture et Sud Éducation, ont envahi samedi 3 juin les festivités d’anniversaire pour prendre la parole, déployer des banderoles et distribuer des tracts. Des bateaux se sont aussi invités à la fête, affichant leurs revendications sur voiles et bannières.
Au programme de cette déambulation dans le musée : précarisation des métiers de la culture, casse du secteur public, privatisation et sous-traitance…

Bienvenue aux 10 ans du Mucem, 10 ans de vitrine, coup de comm’, précarité, instrumentalisation du secteur culturel, et casse du service public !
Feux d’artifice, baleines irradiées, contes féeriques. Quelle incroyable opération de communication nous rassemble aujourd’hui ! Mais que fête-t-on réellement ?
Derrière les strass, lumières et paillettes, cet anniversaire marque une décennie de politiques locales aux conséquences désastreuses, depuis que Marseille a été consacrée capitaine européenne de la culture. Si le Mucem peut se targuer de célébrer en grande pompe, c’est bien que comme beaucoup d’institutions culturelles nationales, ce musée s’obstine à détourner le regard du contexte de mobilisation et d’embrasement historique que nous traversons depuis 2013.

Contre la dépolitisation de nos lieux de travail et de lutte, nous travailleur.euse.s du secteur culturel, éducatif et associatif marseillais, réuni.e.s en Assemblée Générale, représentant.e.s de collectifs et militant.e.s, nous nous invitons à la fête ! Celle de la privatisation du secteur public, celle de la précarisation continue, celle de la casse de nos acquis sociaux, celle de la gentrification insidieuse de Marseille, ville-laboratoire des politiques publiques les plus violentes et discriminantes par ailleurs.

© Emmanuelle Bouzeid

Mais aujourd’hui, le cœur est à la fête ! Réjouissons-nous ! Divertissons-nous ! Nous aurons tout le temps demain pour mieux ignorer les dégâts que les politiques néolibérales infligent quotidiennement à nos vies et à nos conditions de travail ! Premier musée national déconcentré, le Mucem en cristallise les effets délétères. Cette commémoration signe une décennie de précarisation des salarié.e.s/prestataires du secteur culturel marseillais.

Derrière la résille de béton, la réalité des travailleur.euse.s du Mucem est scandée par le recours à outrance aux stages et aux services civiques, aux contrats dits aidés, à la reconduction illégitime des CDD, au salariat déguisé, à des prestataires de services.
Derrière le vernis intellectuel et les opérations de communication posant le MuCEM comme avant-garde des questions de société, c’est, pour les employé.e.s des prestataires, le fonctionnement d’une entreprise privée qui prévaut, se déchargeant des missions de service public.

En 2013, c’est bien un fantastique laboratoire de la culture néolibérale qui a été inauguré avec la désignation de Marseille en Capitale Européenne de la Culture, célébrée en grande pompe lors de l’inauguration du Mucem par François Hollande. Avec le parachutage de Pierre-Olivier Costa à la direction du Mucem, entre autres nominations, Emmanuel Macron continue d’avancer ses pions.

À la mainmise des pouvoirs publics nationaux s’associe un vaste programme de gentrification de Marseille, devenu un laboratoire d’expérimentation urbaine et sociale, lui aussi piloté d’en-haut. En 2023, le bilan est sans appel : sous couvert de renforcer l’attractivité ou de dynamiser les quartiers, la mise en œuvre de projets tels qu’Euromed, les Terrasses du port ou la prochaine Cité scolaire internationale « Jacques Chirac » (par Bouygues construction et les architectes du Mucem Ricciotti & Carta) n’a conduit qu’à lisser le paysage urbain, homogénéiser les populations et exclure des marseillais.e.s de leurs propres quartiers.
Nous refusons de voir la culture plus longtemps instrumentalisée pour faire de Marseille cette capitale du capitalisme culturel.

Faisons converger les colères, dénonçons la réforme des retraites, la destruction du code du travail, de l’assurance chômage, la précarité généralisée des travailleur.euse.s avec ou sans papiers, le démantèlement de l’école publique, le RSA sous conditions, la Loi Asile et Immigration. La liste est longue et la logique toujours la même : s’assurer une main d’œuvre corvéable et flexible à laquelle on imposera de travailler toujours plus long-temps, dans des conditions toujours plus dégradées.

Nous refusons de tourner la page, non pas pour nous accrocher en vain au mirage d’un mouvement social fantasmé, mais parce que les enjeux vont au-delà de la réforme des retraites ! Nous refusons ce monde d’expulsions, de gentrification et de précarisation !

© Emmanuelle Bouzeid
Capsule sonore réalisé par Primitivi pendant l’action au Mucem
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Solidarité avec les salarié·e·s d’Arteum

Dimanche 16 janvier des diffusions de tracts ont eu lieu à Paris et Marseille devant plusieurs librairies-boutiques gérées par Arteum. Ci-dessous le texte distribué devant l’entrée du Mucem.

Le nom d’Arteum ne vous évoque peut-être rien. Pour autant les deux librairies-boutiques du Mucem sont gérées par Arteum depuis le printemps 2021.

Arteum est une petite société qui grossit… grossit et qui s’est spécialisée depuis quelques années dans les boutiques de musées. Elle comptait une trentaine de salarié·e·s en 2012 et entre 150 et 200 aujourd’hui pour une vingtaine de lieux essentiellement à Paris (Musée du quai Branly, Musée Carnavalet, Musée des Arts décoratifs, Cité des sciences et de l’industrie, etc.) mais également au musée Matisse à Nice et depuis peu au musée des Confluences de Lyon.

Paris : clap de fin des librairies des cinémas MK2

À Paris, outre des musées, Arteum avait repris la gestion depuis 2019 des libraires-boutiques des cinémas MK2 Quai de Loire et BNF. Après avoir sabordé l’activité librairie (le Covid n’ayant fait qu’aggraver la situation), Arteum a annoncé en octobre à la dizaine de salarié·e·s concernées que leur lieu de travail fermerait le 31 décembre 2021.

La direction refusant les licenciements économiques et les ruptures conventionnelles, les personnes concernées sont sommées d’accepter les propositions qui leurs sont faites même si elles subissent une déqualification de leur métier, que les propositions et les lieux proposés ne correspondent pas aux profils des librairies généralistes et/ou DVDaire avec le risque de mise au placard que cela représente (les boutiques proposées n’ont pas besoin de personnel supplémentaire contrairement à d’autres… qui ne font pas partie de la liste !) et tout cela au mépris de leurs compétences et expériences professionnelles.

Face à cela les salarié·e·s ont mis une pétition en ligne signée par plus de 8000 personnes et organisé plusieurs rassemblements et journées de grève soutenus par les syndicats CGT-Commerce et Sud Culture. Pourtant, la direction d’Arteum persiste et refuse de prendre en compte leurs inquiétudes et revendications.

Marseille : des craintes confirmées

Ayant connaissance du décalage entre la com’ d’Arteum et la réalité vécue par les personnes qui y travaillent au quotidien nous avions un certain nombre d’inquiétudes en apprenant le transfert de la librairie du Mucem des mains d’Actes Sud à celles d’Arteum. Nous avions d’ailleurs alerté les membres du conseil d’administration du Mucem en février 2021 au moyen d’une lettre ouverte.

Après huit mois de fonctionnement de la nouvelle libraire-boutique la crainte qu’il se passe au Mucem ce qui s’est passé dans les librairies parisiennes reprises par Arteum, se confirme : absence d’outil informatique adéquat pour le travail en librairie, perte de sens et d’autonomie pour les libraires, sous-effectif récurrent, etc.

Le seul objectif d’Arteum est de faire du pognon en vendant les produits dérivés qu’elle fait fabriquer, en rognant sur les salaires et en rechignant à payer les fournisseurs. Comme le livre est un produit peu rentable, Arteum les vire de ses rayons pour accueillir d’autres produits plus lucratifs en ignorant d’ailleurs la bonne santé économique actuelle des librairies !

On peut se demander si les fermetures à répétition de comptes chez des fournisseurs ou si les manques réguliers de certains ouvrages (comme Salammbô pendant l’exposition au Mucem où les nouveautés de la rentrée littéraire) ne sont pas voulus, histoire d’habituer le public à trouver de moins en moins de livres. Peut-on être rassuré·e quand Arteum inscrit parmi ses engagements « la transmission de valeurs culturelles grâce aux livres et à des produits porteurs de sens » ?…

À Paris comme à Marseille les salarié·e·s sont considéré·e·s comme des pions dont on peut modifier les emplois du temps à volonté à et à qui on peut envoyer des consignes de travail qui changent au gré du vent. La direction utilise volontiers le mépris ou la menace quand ses équipes posent des questions ou demandent simplement à pouvoir travailler dans des conditions correctes.

  • Les salarié·e·s ne sont pas des denrées interchangeables !
  • Le droit du travail doit être appliqué partout…
MK2 Quai de Loire, janvier 2022
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Fait-il bon travailler chez Arteum ?

Un point sur la situation des salarié·e·s d’Arteum à Marseille et Paris alors que les libraires d’Arteum-MK2 Arteum Quai de Loire sont en grève à partir du 18 décembre 2021.

Les diverses inquiétudes que le syndicat Sud Culture a exprimé au printemps 2021 concernant le transfert de la librairie du Mucem d’Actes Sud à Arteum n’ont pas disparu, loin s’en faut.
Après six mois de fonctionnement de la nouvelle libraire-boutique du Mucem la crainte qu’il se passe au Mucem ce qui s’est passé dans les librairies parisiennes reprises par Arteum, soit : sabordage de l’activité librairie, perte de sens et d’autonomie pour les libraires, management délétère, etc., est confirmée.

La menace de sanction comme (seule) technique de gestion

À Paris comme à Marseille les salarié·e·s sont considéré·e·s comme des pions dont on peut modifier les emplois du temps à volonté et à qui on peut rajouter des tâches (comme faire de la présence sur les réseaux sociaux y compris pour faire de la pub pour la figure Playmobil de Napoléon 1er) sans leur demander leur avis.
Ces mêmes salarié·e·s sont méprisé·e·s dès qu’ils/elles posent des questions ou demandent simplement à avoir des outils en adéquation avec leur métier et à disposer d’un choix de produits qui soit pertinent par rapport à leur lieu de travail. La direction leur répond que c’est bien pire ailleurs et que la situation financière d’Arteum n’est pas bonne. Pour autant, si les commandes de livres sont bloquées ou très restreintes, les produits dérivés, eux, continuent d’affluer…
La direction peut aussi sortir des arguments ­mensongers concernant certaines demandes. Par exemple ça serait à cause de la loi Lang sur le prix unique du livre que les salarié·e·s ne pourraient pas avoir 20 à 30 % de remise sur les livres qu’ils/elles achètent. Étonnamment ça se fait partout ailleurs et c’est autorisé.

Tout est prétexte à menace de sanction : objectif non atteint, absence non prévue, dépassement de budget d’achat, prise de parole, etc.
Arteum qui ne se préoccupe guère de la santé psychologique ou physique de ses équipes, a par contre établi son propre calendrier vaccinal obligatoire même si celui-ci ne respecte pas les préconisations de la Haute autorité de santé.

Arteum fossoyeur de la librairie

C’est dans ce contexte difficile où la pression est mise sur les salarié·e·s pour qu’il y ait moins de livres mais de plus en plus de produits dérivés et de gadgets, source de davantage de bénéfice pour la direction d’Arteum, que les dix salarié·e·s des boutiques et librairies MK2 Quai de la Loire et BNF à Paris ont appris la fermeture définitive de leur lieu de travail au 31 décembre 2021.

À part leur dire que tout le monde sera « recasé » au sein d’Arteum les personnes concernées n’ont guère d’informations et sont sommées d’accepter les propositions qui leurs sont faites même si elles subissent une déqualification de leur métier, que les propositions et lieux proposés ne correspondent pas aux profils des librairies généralistes et/ou DVDaire avec le risque de mise au placard que cela représente et tout cela au mépris de leurs compétences et expériences professionnelles. Les salarié·e·s ne sont pas des denrées interchangeables !
C’est le même genre de discours que la direction d’Actes sud avait délivré aux salarié·e·s de la librairie du Mucem lors de leur transfert vers Arteum : « Vous verrez, c’est une opportunité, une très bonne solution ».

Autant Arteum incite très fortement le personnel à investir les réseaux sociaux pour promouvoir les produits vendus par Arteum, autant aucune information publique n’est parue concernant la fermeture de ces deux lieux alors que c’est dans 15 jours ! Les client·e·s et habitué·e·s ne sont pourtant pas dupes.

Les salarié·e·s d’Arteum (et d’ailleurs…) doivent pouvoir travailler dans des conditions correctes, être respecté·e·s et non pas méprisé·e·s, avoir des salaires décents, etc. Le droit du travail et les conventions collectives doivent être appliquées.

Sud Culture appuiera les futures créations de sections syndicales au sein d’Arteum. Même si nous ne nous leurrons pas sur les possibilités données aux représentant·e·s des salarié·e·s de remplir leur mission, il y a un enjeu important à ce que le CSE d’Arteum dispose d’un collège employé et pas seulement d’un collège cadre composé essentiellement des directeurs et directrices de boutiques dont les intérêts sont évidemment très éloignés des petites mains qui travaillent­ au quotidien : libraires, vendeurs, vendeuses, réceptionnaires, etc.

Solidarité avec les salarié·e·s de Arteum-MK2 en grève le samedi 18 décembre 2021

Pétition « Non aux fermetures des librairies MK2 Quai de Loire & MK2 Bibliothèque ! »

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Arteum – Actes Sud – Mucem : un trio perdant pour les salarié·e·s !

Le Mucem a rouvert ses portes il y a un peu plus d’un mois. Le principal événement pour le public et la ­direction du musée c’est l’expo bling-bling de Koons.
Du côté du syndicat Sud Culture, c’est la transformation de la librairie du Mucem anciennement propriété d’Actes Sud (AS) en boutique-librairie passée aux mains d’Arteum qui a retenu notre attention même s’il y aurait beaucoup à dire sur la marchandisation de l’art et de la culture.
Cette vente a été précédée de plusieurs mois de conflits sociaux et le départ des deux tiers de l’ancienne équipe de la librairie du Mucem, conséquence de la façon dont ils·elles ont été traité·e·s par leur direction (Maupetit-Actes Sud) et de la dévalorisation de leur métier dû à la disparition de la librairie de fond au profit de la vente de gadgets et autres peluches…

Au final, Arteum a été obligé sous la pression du ­Mucem d’avoir plus de livres que prévu mais comme dans toute boutique de musée, les ouvrages sont présentés le plus souvent par pile et il n’y a guère de cohé­rence puisque c’est la centrale d’achats déconnectée des réalités du Mucem qui a décidé des commandes d’ouverture. Le homard de l’artiste Koons est décliné en crayons, carnets, peluche, tasse à café, coloriage, magnet, etc. On trouve aussi des assiettes à 750 euros et des reproductions en porcelaine qui coûtent la modeste somme de 14 000 euros !

Du côté de la librairie Maupetit comme dans la plupart des librairies, le chiffre d’affaires est bon voire très bon. À défaut d’embaucher, il y a une augmentation généralisée des salaires (la première depuis avril 2011) ; une prime d’intéressement et une prime « Macron » vont être versées à l’ensemble des sala­rié·e·s du groupe AS.

La séparation de la branche déficitaire que représentait la librairie du Mucem et la ruée post-confinement dans les librairies ont sans doute permis cela. Cependant il faut noter que cette même direction a refusé d’accéder à la plupart des demandes des salarié·e·s de la librairie du ­Mucem : rupture conventionnelle de contrat, reclassement.
AS ne faisant jamais rien gratuitement la direction espère sans doute qu’après ces gains, les salarié·e·s accepteront facilement l’élargissement des amplitudes horaires suite à l’ouverture cet automne des salles de ciné Artplex face à Maupetit : nocturnes et ouverture le dimanche sont certainement au programme.


Quant au Mucem, toujours présenté comme le plus grand musée national en dehors de Paris il est moins connu comme musée pilote en termes de ­privatisation.
Nettoyage, sécurité, nettoyage, visites guidées, médiation cultu­relle, vestiaire, animation espace enfant, billetterie, maintenance technique, jardin, restauration, librairie, etc. Il n’y a guère de domaines qui échappent aux appels d’offres et aux changements de prestataire. En dix ans tous les marchés ou presque ont au moins changé une fois. La règle première étant évidemment officiellement de gagner du fric. Ce n’est pas forcément mieux du côté des personnes rémunérées par le ­Mucem ou directement par le Ministère de la Culture. Si on trouve en grande majorité des fonctionnaires de catégorie A ou B, on trouve aussi des contractuel·le·s en CDI ou en CDD, des stagiaires, des personnes en contrat aidé et… des auto-entrepreneurs n’ayant que le Mucem comme donneur d’ordre ! Diviser pour mieux régner et économiser les coûts (quoi que…).

Chasse aux sorcières à Arteum et à Actes Sud

Il existe au moins un point commun entre les trois entités : c’est le côté chape de plomb. Leurs directions respectives ne supportent pas que des salarié·e·s ­s’expriment sur leurs conditions de travail que ce soit lors d’une réunion interne, dans la presse ou via des tracts syndicaux. Le silence est d’or pourrait être la devise d’Arteum et d’AS.
Ainsi la direction d’Arteum a envoyé des consignes à l’ensemble des responsables de ses boutiques pour qu’ils/elles parviennent à déterminer l’origine des informations qui ont permis à Sud Culture d’alerter sur les dangers qui couraient avec la reprise de la ­librairie du Mucem.
Quant à la direction d’AS, elle n’a pas supporté qu’apparaissent dans la presse ses magouilles foncières et financières financées par le prêt garanti par l’État. Ainsi la publication dans le journal L’Arlésienne de l’article « Quand Capitani s’apprête à s’engraisser sur le dos d’Actes Sud » s’est soldée récemment par le licenciement de deux salarié·e·s pour faute grave. Dans la dernière note envoyée aux trois cents salarié·e·s, le directoire du groupe AS se félicite de cette année historique et du résultat financier positif pour l’année 2020. Pas un mot en revanche sur les deux ­librairies qui ont été fermées ou revendues…

Même si c’est la fin de la section syndicale pour les librairies Maupetit-Mucem, Sud Culture 13 continuera de défendre les salarié·e·s qu’ils·elles travaillent dans des petites librairies indépendantes, dans des librairies appartenant à des groupes, dans des grandes surfaces culturelles, des boutiques de musée, etc.

Marseille, le 25 juin 2021

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Quand le Mucem fait dans le bling-bling et le fric

Les occupant·e·s du Frac ont organisé le mercredi 5 mai une action surprise pour dénoncer l’exposition Jeff Koons au Mucem alors que la presse était convié à la découvrir en avant-première. Ci-dessous le tract qu’ils/elles ont diffusé à cette occasion.

Pour suivre l’actualité des occupations à Marseille :
Frac La CriéeLe Merlan/Zef


« KOONS MUCEM WTF ?

À 800 mètres du Mucem, le Frac Paca est occupé par des artistes, des étudiantEs et des travailleurEuses de l’art qui luttent pour leurs droits.

Alors que la pandémie aggrave les conditions des plus précaires au profit des plus fortunés : M. Pinault, 3e fortune de France avec 42 milliards de dollars, s’invite, avec Jeff Koons, artiste vivant le plus cher au monde avec la vente record de 91 millions de dollars, au Mucem

Si, comme l’a dit François Pinault, « avec l’art, l’émotion est vitale», NOUS SOMMES EN COLÈRE !

M. Pinault, « amateur d’art » pense que « la passion pour l’art, comme pour les croyants, est très religieuse »… Et ce en quoi il croit, c’est que « l’art est bon pour le business »…

L’art est certainement bon pour son business… Surtout depuis 1998, quand Pinault achète Christie’s, deuxième maison de ventes d’art aux enchères à travers laquelle il vend les œuvres qu’il collectionne…

L’art est certainement bon pour son business… Surtout depuis 2003, avec la loi Aillagon sur le mécénat. Elle prévoit que lors d’un investissement dans la culture, l’Etat réduit l’impôt à hauteur de 60% du don – Jean-Jacques Aillagon, ancien Ministre de la Culture sous Chirac ayant proposé cette loi, est aujourd’hui conseiller de la Pinault Collection…

François Pinault est bel et bien « le parrain de l’art contemporain. » C’est une partie de sa collection, qui s’expose aujourd’hui à Marseille.

JEFF KOONS AU MUCEM. Un artiste américain dans le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée.

Selon le Mucem, Jeff Koons serait « un passeur, l’un de ces grands artistes qui donnent sens aux sociétés qu’ils observent »… Mais de quel passage et de quelle société parlons-nous ?

L’ancienne librairie du Mucem devient un magasin de « marchandising culturel »…

L’institution publique expose, légitime et fait grimper la côte des collections privées… François Pinault ouvre la Pinault Collection dans l’ancien Palais de la Bourse à Paris, avec le soutien financier de l’Etat.

L’Etat est complice de la marchandisation de l’art et de la culture, de la même manière qu’avec la santé et l’enseignement supérieur.

La société dont ces personnes sont les passeurEuses c’est
Celle des intérêts individuels et privés…
Celle du privé qui avale le public…
Celle du « in dollart we trust »…

Nous voulons François Pinault, Jeff Koons, et tout ce qu’ils représentent, hors de nos « imaginaires collectifs » !

Hors de nos imaginaires et rendez l’argent !

Les occupants.es du Frac Paca
http://frac-paca.occupations.zonemail

Pour info : 72 millions d’euros, vente aux enchères la plus chère de Koons, équivaut à 4933 années de Smic. La somme de 35 milliards d’euros, fortune de Pinault, équivaut à 2,7 millions d’années de Smic. Populaire ? »

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Quelques hypothèses quant à l’avenir de la Librairie du Mucem après sa reprise par Arteum

L’idée première du texte ci-dessous était de s’adresser aux administrateurs et administratrices du Mucem alors qu’ils·elles voteront au début du mois de mars la reprise de la librairie du Mucem, et de leur transmette notre inquiétude quant à cette reprise par le groupe Arteum.

Ce texte n’est pas un scénario catastrophe mais un agrégat de faits qui se passent ou se sont passées dans des boutiques gérées par Arteum.

Il nous semble intéressant de rendre ce texte public d’autant plus que dans le même temps où Actes Sud se débarrasse de certaines de ces librairies jugées non rentables (Epona en 2020, librairie du Mucem en 2021), Actes Sud est en plein tripatouillage foncier et financier à Arles pour le plus grand bonheur de ses actionnaires (voir l’article « Quand Capitani s’apprête à s’engraisser sur le dos d’Actes Sud » sur le site du journal L’Arlésienne).


Arteum est une petite société qui grossit, grossit et qui s’est spécialisée depuis quelques années dans les boutiques de musées. Elle comptait une trentaine de salarié·e·s en 2012 et entre 150 et 200 aujourd’hui pour une vingtaine de lieux. Arteum grignote essentiellement sur les plates-bandes de la RMN-GP mais a également repris des boutiques et des librairies aux cinémas MK2 et a aussi la volonté de s’étendre en Europe.

La direction d’Arteum affirme : « La place de la librairie est centrale dans chacune de nos boutiques ». La réalité montre pourtant l’inverse, sauf à comprendre que faire des piles de catalogues ou des meilleures ventes comme dans la grande distribution soit le propre du travail d’un·e libraire… Là-dessus Actes Sud (AS) et Arteum convergent puisque la direction d’AS a affirmé à ses salarié·e·s que la librairie de fonds c’était fini au Mucem, que ça ne marchait pas.

Il est probable que la librairie de fonds soit remplacée par des foulards, des bijoux et autres objets. La part du chiffre d’affaires (CA) consacré au livre passera de 95 % à 50-60 % dans le meilleur des cas. Jusqu’à présent le livre représentait environ 95 % du CA de la librairie du Mucem. Pour information 20 % des billets sur la page Facebook d’Arteum concernent des livres et 80 % des objets…

Ce qui faisait la surprise et la joie de la plupart des personnes qui rentraient dans la librairie — « incroyable, quel fonds, on n’aurait pas pensé trouver ça dans un musée » –, à savoir des milliers de livres consacrés à la Méditerranée (littérature, sciences humaines…) mais aussi des tables sur l’urbanisme, l’histoire, la jeunesse, l’histoire de l’art, la rentrée littéraire, etc., va probablement disparaître assez rapidement le temps qu’Arteum montre patte blanche, avant de ne plus tenir ses promesses.

Comme la direction d’Arteum ne connaît pas grand-chose à la chaîne du livre – à la différence des libraires qui y travaillent – à son arrivée elle installera sans doute un logiciel de gestion qui n’est pas relié aux canaux du livre (Dilicom, base de données de librairie…). Toute opération (réassort, commande…) prendra environ cinq fois de plus de temps qu’avant.

De même, il est possible que des comptes fournisseurs soient bloqués pendant plusieurs mois sans que cela gêne la direction alors que les libraires ne peuvent plus passer de commande. Toute ressemblance avec une situation déjà rencontrée serait fortuite…

Il est probable que les libraires n’aient plus entièrement la main sur les commandes au profit de la centrale d’achat qui dictera ses consignes se contentant des catalogues des expositions en cours et des meilleures ventes. Il est aussi possible que les libraires ne puissent commander ce qu’ils·elles veulent pour les tables de la rentrée et de Noël alors que ce sont les mois les plus vendeurs.

De même, il ne sera probablement plus possible de commander auprès de petits diffuseurs ni de prendre des livres ou des CD en dépôt (pratique habituelle avec les éditions du Mucem et ponctuelle pour les événements à l’auditorium).

Côté « ressources humaines » ce n’est pas mieux !

Il arrive, en période de chômage partiel outre le fait que les salarié·e·s ne soient payé·e·s qu’à hauteur de 84 %, qu’ils·elles ne reçoivent pas les primes qu’ils·elles touchent habituellement.

Le modèle Arteum ce sont des boutiques soi-disant autonomes mais un seul employeur et un CSE unique où il semblerait que les représentant·e·s du personnel viennent uniquement de l’encadrement ou la direction !

Dans ce contexte on comprend mieux pourquoi, à l’idée d’être repris par ce nouvel employeur, plusieurs salarié·e·s de la librairie du Mucem ont démissionné ces derniers mois. Il ne faudra malheureusement pas trop s’étonner si les salarié·e·s de la future équipe dépriment et/ou cherchent à partir ni que les client·e·s aillent voir ailleurs d’autant plus que depuis 2-3 ans le nombre de librairies repart à la hausse à Marseille.

On comprend mieux pourquoi à Paris des professionel·le·s du livre utilisent le terme de « fossoyeur » à propos d’Arteum.

Marseille, le 2 février 2021

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Grève avant liquidation à la librairie du Mucem !

Le Mucem et sa librairie ont beau être fermés, la section syndicale Sud Culture Solidaires pour les librairies Maupetit et du Mucem appelle néanmoins à la grève !

En effet, depuis plusieurs mois et entre deux confinements, les salarié·e·s de la librairie du Mucem travaillent dans des conditions très pénibles : rumeurs de fermeture définitive, départs non remplacés, mépris permanent de la direction, etc.

Actes Sud a décidé pour des raisons financières de se débarrasser de la librairie du Mucem, rattachée à la librairie Maupetit et filiale du groupe Actes Sud. Cela permettra à Maupetit de se retrouver plus rapidement à l’équilibre puis de dégager des bénéfices.

Rien de très original malheureusement ! Les salarié·e·s ne sont que des variables d’ajustement au gré des choix des actionnaires.

Alors que les libraires viennent d’apprendre qu’un repreneur arrivait d’ici quelques mois, Sud Culture appelle donc à la grève (cf. courrier ci-dessous) et demande notamment que les salarié·e·s soient traité·e·s correctement et respecté·e·s, que des conditions de départ soient proposées aux personnes qui ne souhaitent pas travailler dans une boutique de produits dérivés puisque la librairie de fond c’est fini.

« Actes Sud se débarrasse de la librairie du Mucem »

À lire sur le site du journal Le Ravi

« Pointé par ses salariés, Actes Sud devrait lâcher la librairie du Mucem »

À lire sur le site du journal La Marseillaise

« Marseille : Actes Sud cédera la librairie du Mucem à Arteum, “une perspective adaptée” »

À lire sur le site d’Actualitté

« Actes Sud veut céder la librairie du Mucem à Arteum »

À lire sur le site du journal La Provence

« La librairie du Mucem bientôt cédée à Arteum dans un climat social tendu »

À lire sur le site de Livres Hebdo

Marseille, le 14 décembre 2020

À l’attention du directeur des librairies Maupetit et du Mucem

Monsieur,

Eu égard à la situation de délitement qui perdure au sein de la librairie du Mucem depuis plusieurs mois et qui a pour première conséquence le haut niveau d’angoisse, de mésestime et de mépris vécu par l’ensemble des salarié·e·s de cette librairie, la section syndicale Sud Culture Solidaires pour les deux librairies appelle à la grève à partir du 15 décembre 2020.

Les salarié·e·s qui désirent se mettre en grève pourront le faire soit sur le temps de leur prise de poste, soit sur la demi-journée, ou bien sur la journée entière et ce tant que cet appel perdure.

Je me permets de reprendre quelques éléments du courrier que je vous ai fait parvenir le 29 novembre en tant que délégué syndical ; courrier pour lequel je n’ai reçu aucune réponse.

L’inquiétude est alimentée par les résultats négatifs de la librairie et des petites phrases telles que « vous savez, il suffit d’un courrier et la librairie ferme dans six mois » ou « il n’y a pas d’avenir à la librairie du Mucem ». Suite aux questions posées à plusieurs reprises par les instances représentatives du personnel depuis juillet 2020, le directeur général d’Actes Sud a déclaré le 20 octobre qu’il était à la recherche d’un repreneur et que plusieurs scenarii étaient à l’étude. Le CSE extraordinaire du 10 décembre a mis un terme au suspens mais pas à l’inquiétude.

Par ailleurs l’attente a été tout sauf sereine puisque outre les 5 mois de fermeture liée au Covid qu’a connu la librairie, les salarié·e·s de la librairie du Mucem ont pu assister :

  • au départ de la très regrettée responsable de la librairie – un départ non-remplacé !
  • à la démission de la personne chargée notamment de la réception – et votre refus qu’il profite de son préavis pour transmettre ses compétences et savoir-faire qu’il est le seul à maîtriser sur certaines tâches.
  • aux départs pendant leur période d’essai des deux personnes embauchées en CDD.

Lors du CSE extraordinaire du 10 décembre – dont la mise en place déroge sur plusieurs aspects au droit du travail – des représentant·e·s du personnel ont donc été informé·e·s qu’Actes Sud avait trouvé un repreneur et que la proposition allait être transmise à la direction du Mucem. La garantie que les contrats de travail soient repris n’est qu’à moitié rassurante (quelles modalités ? quelle amplitude horaire ? quelle rémunération le dimanche ? quel management ?…). Par ailleurs le tout est accompagné d’un discours répété avec insistance qu’une librairie de fond ça ne marche pas et qu’il faut faire autre chose. D’où l’arrivée d’Arteum spécialiste de la boutique de musée et de la fabrication et la vente de produits dérivés.

La demande formulée par l’ensemble des salarié·e·s lors de la réunion du 23 novembre de moyens et de reconnaissance pour assumer collégialement la prise en charge des tâches de la responsable est elle aussi restée sans réponse. Pourtant l’équipe continue de faire tout son possible pour tenir le gouvernail d’un radeau à la dérive.

Nos revendications :

  • les demandes et questions des salarié·e·s ne doivent pas rester sans réponse ;
  • des propositions de conditions de départ pour les salarié·e·s qui ne souhaiteraient pas être repris par Arteum ;
  • des propositions de reclassement au sein de Maupetit pour les salarié·e·s qui le souhaiteraient ;
  • pérennisation des embauches en CDD à la réouverture ;
  • fin des inégalités de salaire entre libraires de Maupetit et libraires du Mucem ;
  • les salarié·e·s doivent être traité·e·s correctement et respecté·e·s et pas uniquement quand ils·elles servent de force d’appoint à la librairie Maupetit pendant les périodes de confinement et de fin d’année.