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Le BookBloc appelle à la grève le 7 juin

Sud Culture soutient l’appel à la grève et le rassemblement devant le SLF à l’initiative du Book Bloc le 7 juin 2023

À nos collègues, camarades et ami·es salarié·es de librairies et travailleur·euses du livre

Ces derniers mois, sous la bannière du Book Bloc, nous avons défilé ensemble dans un certain nombre de villes (Albi, Brest, Le Havre, Lille, Marseille, Metz, Paris, Strasbourg…) contre la réforme des retraites et son monde. Nous nous sommes fédéré·es à travers la France entière et avons affiché des positions clairement antiracistes, féministes et solidaires à tous les secteurs de travailleur·euses en lutte.

Fort·es de cette expérience, nous souhaitons aujourd’hui aller au-delà de la question des retraites et réclamer la reconnaissance de nos métiers et des compétences mises en œuvre au quotidien par une solide revalorisation de nos salaires. Anne Martelle elle-même, présidente du SLF (Syndicat de la librairie française), soutenait l’année dernière que « tout le monde sait que les salaires ne sont pas à la hauteur de l’énergie que déploient les libraires. » 1 Mais ce même SLF – autrement dit le syndicat des patrons de librairie – depuis des années ne fait que proposer des miettes d’augmentation. En outre à cause de l’inflation les premiers niveaux se retrouvent régulièrement en-dessous du Smic ! Le Book Bloc estime que la grille des salaires doit commencer à 2 000 euros, la priorité étant d’augmenter les niveaux les plus bas de cette grille de façon à réduire les écarts.

Mais n’oublions pas le statut le moins valorisé de tous, celui de nos collègues apprenti.es dont la rémunération est calculée proportion­nellement à l’âge ! Celle-ci démarre à 27 % du smic, qui n’est atteint qu’à partir de 26 ans. Rien ne justifie un tel écart de salaire, pour des tâches bien souvent similaires à celles des salarié·es. Le gouvernement se targue d’une augmentation significative du nombre d’apprenti·es au fil des ans mais les dispositifs d’aide mis en œuvre ne font qu’accentuer l’exploitation et la précarisation de ces travailleur·euses.

Un mot encore sur ces échelons. La plupart des salarié·es, pour le bon fonc­tionnement des rayons, effectuent avec intérêt et de façon régulière des tâches afférentes à une fiche emploi repère d’un ou plusieurs niveaux au-dessus du leur sans que cela ne soit concrétisé sur leur fiche de paie (en termes de niveau et/ou de rémunération). Nous voulons mettre au jour cette pratique courante de dissociation : stagner dans la grille est une façon de payer des salarié·es au rabais pour des tâches dont les patron.nes sont conscient·es qu’elles sont indéclinables afin que l’entreprise fonctionne correctement.


Nous réclamons donc une mise en adéquation urgente entre les niveaux de grille des salarié·es et les tâches qu’iels effectuent régulièrement dans les faits. Mais le Book Bloc à bien en tête que c’est cette grille entière qu’il faudra revoir, car il suffit d’avoir travaillé quelque temps en librairie pour évaluer à quelle distance elle est de la réalité du métier.

La prochaine session de négociation entre les syndicats de salarié·es représentatifs dans la branche de la librairie et le SLF commencera en juin. Nous souhaitons bien faire entendre notre voix et montrer que nous sommes nombreux·ses et déterminé·es.

C’est pourquoi nous appelons les libraires de toute la France à se mettre en grève le mercredi 7 juin et à se rendre à Paris afin de porter nos revendications devant le siège du SLF !

(1) https://actualitte.com/article/106820/librairie/salaires-il-n-y-a-pas-de-mauvais-patron-en-librairie-slf

La situation économique, notamment des petites structures, est fragile et nous en avons conscience. Les gérant·es et les patron·nes de nos entreprises ne manqueront pas de nous l’objecter – et d’ajouter qu’il faudrait d’abord négocier marges et remises, trop faibles ; légiférer sur les frais de port, trop importants, etc. Qu’à cela ne tienne : non seulement ces objections ne nous réduiront pas au silence, mais nous sommes prêt·es à leur apporter notre soutien dans ces négociations si tant est qu’iels veuillent bien enfin s’en saisir !

Pour celleux qui le peuvent, la caisse de grève du Book Bloc peut prendre en charge les transports. Les autres sont vivement encouragé·es à se fédérer pour mener des actions localement. N’hésitez pas à contacter le book bloc pour être mis en relation avec un·e référent·e local·e.

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Métiers du livre en lutte (suite)

Marseille, 6 avril 2023

La mobilisation des métiers du livre – libraires en tête – contre la réforme des retraites se poursuit (voir un billet précédent) sous différentes formes : cortèges dans les manifestations, participation à des blocages, ventes de livres à prix libre pour alimenter la caisse de grève, interventions lors de soirées publiques.

Parmi les dernières initiatives on peut retenir :

  • participation aux initiatives de solidarité contre des collègues qui subissent la répression, comme C. libraire arrêté lors de la manif parisienne du 27 mars et qui a fait quatre jours de détention arbitraire avant d’être relaxée sans aucun chef d’inculpation retenu ou E. des éditions La Fabrique arrêté à Londres alors qu’il se rendait à la foire internationale du livre et interrogé sur les choix éditoriaux de cette maison et ce qu’il pensait de Macron !
  • reversement de la moitié de l’argent récolté lors d’une soirée fin mars au Cirque Électrique à Paris à un autre secteur en lutte, à savoir la caisse de grève des travailleur·euses de la Ville de Paris ;
  • envoi d’une lettre ouverte à Livres hebdo, journal professionnel, suite à l’utilisation scandaleuse d’une photographie du Bookbloc dans une manifestation à Paris pour illustrer un article qui relatait l’organisation par le SLF (syndicat des patrons de librairie) d’une discussion sur la pénibilité au travail sans la présence de représentant·e·s des salarié·e·s…
  • participation aux AG du secteur Culture mises en place récemment à Marseille ;
  • participation à la journée antiraciste et antifasciste au Havre du 1er mai avec le car organisé par les Marches de solidarités.

Le temps long nous permet aussi de parler de nos conditions de travail, de s’outiller contre certains abus du patronat, de se réunir entre Bookblocs et regroupements de salarié·e·s des métiers du livre dans l’hexagone et de s’organiser. Ainsi, une campagne contre le travail gratuit à l’occasion des présentations de la prochaine rentrée littéraire va voir le jour. Entre mai et juin les libraires sont beaucoup sollicité·e·s par les diffuseurs et les maisons d’édition pour aller à des rencontres à Paris et dans les principales villes prendre connaissance des livres qui paraîtront à l’automne 2023. Très souvent les libraires ne sont pas rémunéré·e·s ou ne récupèrent pas puisque « c’est que du plaisir… ».

Page Facebook du Bookbloc (infos de Paris et d’ailleurs)
Mail du collectif local (Marseille et alentours)
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Métiers du livre en lutte

Le Bookbloc se prépare pour la manif ; Paris 16 février 2023

La lutte contre la réforme des retraites a permis à des libraires et d’autres professions œuvrant dans la chaîne du livre (édition, diffusion…) de s’organiser depuis quelques semaines : organisation de cortèges dans les manifs et soirée de soutien à Paris, échange d’informations, contact avec d’autres secteurs professionnels (bibliothécaires, artistes, etc.), mise en place d’une caisse de grève, présence sur les réseaux sociaux…

À Marseille une première réunion à eu lieu à la librairie Transit début mars avec une dizaine de personnes libraires, bibliothécaires, éditrices, représentantes ; non-syndiqué·e·s, Sud Culture, CGT.

Parmi les projets retenus : des tournées en librairie pour mobiliser davantage de collègues, un rendez-vous commun à Marseille pour la journée du 7 mars avec une table au départ de la manif comprenant des tracts et des des livres à vendre à prix libre en soutien à la caisse de grève.

Paris, 31 janvier 2023

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Fait-il bon travailler chez Arteum ?

Un point sur la situation des salarié·e·s d’Arteum à Marseille et Paris alors que les libraires d’Arteum-MK2 Arteum Quai de Loire sont en grève à partir du 18 décembre 2021.

Les diverses inquiétudes que le syndicat Sud Culture a exprimé au printemps 2021 concernant le transfert de la librairie du Mucem d’Actes Sud à Arteum n’ont pas disparu, loin s’en faut.
Après six mois de fonctionnement de la nouvelle libraire-boutique du Mucem la crainte qu’il se passe au Mucem ce qui s’est passé dans les librairies parisiennes reprises par Arteum, soit : sabordage de l’activité librairie, perte de sens et d’autonomie pour les libraires, management délétère, etc., est confirmée.

La menace de sanction comme (seule) technique de gestion

À Paris comme à Marseille les salarié·e·s sont considéré·e·s comme des pions dont on peut modifier les emplois du temps à volonté et à qui on peut rajouter des tâches (comme faire de la présence sur les réseaux sociaux y compris pour faire de la pub pour la figure Playmobil de Napoléon 1er) sans leur demander leur avis.
Ces mêmes salarié·e·s sont méprisé·e·s dès qu’ils/elles posent des questions ou demandent simplement à avoir des outils en adéquation avec leur métier et à disposer d’un choix de produits qui soit pertinent par rapport à leur lieu de travail. La direction leur répond que c’est bien pire ailleurs et que la situation financière d’Arteum n’est pas bonne. Pour autant, si les commandes de livres sont bloquées ou très restreintes, les produits dérivés, eux, continuent d’affluer…
La direction peut aussi sortir des arguments ­mensongers concernant certaines demandes. Par exemple ça serait à cause de la loi Lang sur le prix unique du livre que les salarié·e·s ne pourraient pas avoir 20 à 30 % de remise sur les livres qu’ils/elles achètent. Étonnamment ça se fait partout ailleurs et c’est autorisé.

Tout est prétexte à menace de sanction : objectif non atteint, absence non prévue, dépassement de budget d’achat, prise de parole, etc.
Arteum qui ne se préoccupe guère de la santé psychologique ou physique de ses équipes, a par contre établi son propre calendrier vaccinal obligatoire même si celui-ci ne respecte pas les préconisations de la Haute autorité de santé.

Arteum fossoyeur de la librairie

C’est dans ce contexte difficile où la pression est mise sur les salarié·e·s pour qu’il y ait moins de livres mais de plus en plus de produits dérivés et de gadgets, source de davantage de bénéfice pour la direction d’Arteum, que les dix salarié·e·s des boutiques et librairies MK2 Quai de la Loire et BNF à Paris ont appris la fermeture définitive de leur lieu de travail au 31 décembre 2021.

À part leur dire que tout le monde sera « recasé » au sein d’Arteum les personnes concernées n’ont guère d’informations et sont sommées d’accepter les propositions qui leurs sont faites même si elles subissent une déqualification de leur métier, que les propositions et lieux proposés ne correspondent pas aux profils des librairies généralistes et/ou DVDaire avec le risque de mise au placard que cela représente et tout cela au mépris de leurs compétences et expériences professionnelles. Les salarié·e·s ne sont pas des denrées interchangeables !
C’est le même genre de discours que la direction d’Actes sud avait délivré aux salarié·e·s de la librairie du Mucem lors de leur transfert vers Arteum : « Vous verrez, c’est une opportunité, une très bonne solution ».

Autant Arteum incite très fortement le personnel à investir les réseaux sociaux pour promouvoir les produits vendus par Arteum, autant aucune information publique n’est parue concernant la fermeture de ces deux lieux alors que c’est dans 15 jours ! Les client·e·s et habitué·e·s ne sont pourtant pas dupes.

Les salarié·e·s d’Arteum (et d’ailleurs…) doivent pouvoir travailler dans des conditions correctes, être respecté·e·s et non pas méprisé·e·s, avoir des salaires décents, etc. Le droit du travail et les conventions collectives doivent être appliquées.

Sud Culture appuiera les futures créations de sections syndicales au sein d’Arteum. Même si nous ne nous leurrons pas sur les possibilités données aux représentant·e·s des salarié·e·s de remplir leur mission, il y a un enjeu important à ce que le CSE d’Arteum dispose d’un collège employé et pas seulement d’un collège cadre composé essentiellement des directeurs et directrices de boutiques dont les intérêts sont évidemment très éloignés des petites mains qui travaillent­ au quotidien : libraires, vendeurs, vendeuses, réceptionnaires, etc.

Solidarité avec les salarié·e·s de Arteum-MK2 en grève le samedi 18 décembre 2021

Pétition « Non aux fermetures des librairies MK2 Quai de Loire & MK2 Bibliothèque ! »

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Arteum – Actes Sud – Mucem : un trio perdant pour les salarié·e·s !

Le Mucem a rouvert ses portes il y a un peu plus d’un mois. Le principal événement pour le public et la ­direction du musée c’est l’expo bling-bling de Koons.
Du côté du syndicat Sud Culture, c’est la transformation de la librairie du Mucem anciennement propriété d’Actes Sud (AS) en boutique-librairie passée aux mains d’Arteum qui a retenu notre attention même s’il y aurait beaucoup à dire sur la marchandisation de l’art et de la culture.
Cette vente a été précédée de plusieurs mois de conflits sociaux et le départ des deux tiers de l’ancienne équipe de la librairie du Mucem, conséquence de la façon dont ils·elles ont été traité·e·s par leur direction (Maupetit-Actes Sud) et de la dévalorisation de leur métier dû à la disparition de la librairie de fond au profit de la vente de gadgets et autres peluches…

Au final, Arteum a été obligé sous la pression du ­Mucem d’avoir plus de livres que prévu mais comme dans toute boutique de musée, les ouvrages sont présentés le plus souvent par pile et il n’y a guère de cohé­rence puisque c’est la centrale d’achats déconnectée des réalités du Mucem qui a décidé des commandes d’ouverture. Le homard de l’artiste Koons est décliné en crayons, carnets, peluche, tasse à café, coloriage, magnet, etc. On trouve aussi des assiettes à 750 euros et des reproductions en porcelaine qui coûtent la modeste somme de 14 000 euros !

Du côté de la librairie Maupetit comme dans la plupart des librairies, le chiffre d’affaires est bon voire très bon. À défaut d’embaucher, il y a une augmentation généralisée des salaires (la première depuis avril 2011) ; une prime d’intéressement et une prime « Macron » vont être versées à l’ensemble des sala­rié·e·s du groupe AS.

La séparation de la branche déficitaire que représentait la librairie du Mucem et la ruée post-confinement dans les librairies ont sans doute permis cela. Cependant il faut noter que cette même direction a refusé d’accéder à la plupart des demandes des salarié·e·s de la librairie du ­Mucem : rupture conventionnelle de contrat, reclassement.
AS ne faisant jamais rien gratuitement la direction espère sans doute qu’après ces gains, les salarié·e·s accepteront facilement l’élargissement des amplitudes horaires suite à l’ouverture cet automne des salles de ciné Artplex face à Maupetit : nocturnes et ouverture le dimanche sont certainement au programme.


Quant au Mucem, toujours présenté comme le plus grand musée national en dehors de Paris il est moins connu comme musée pilote en termes de ­privatisation.
Nettoyage, sécurité, nettoyage, visites guidées, médiation cultu­relle, vestiaire, animation espace enfant, billetterie, maintenance technique, jardin, restauration, librairie, etc. Il n’y a guère de domaines qui échappent aux appels d’offres et aux changements de prestataire. En dix ans tous les marchés ou presque ont au moins changé une fois. La règle première étant évidemment officiellement de gagner du fric. Ce n’est pas forcément mieux du côté des personnes rémunérées par le ­Mucem ou directement par le Ministère de la Culture. Si on trouve en grande majorité des fonctionnaires de catégorie A ou B, on trouve aussi des contractuel·le·s en CDI ou en CDD, des stagiaires, des personnes en contrat aidé et… des auto-entrepreneurs n’ayant que le Mucem comme donneur d’ordre ! Diviser pour mieux régner et économiser les coûts (quoi que…).

Chasse aux sorcières à Arteum et à Actes Sud

Il existe au moins un point commun entre les trois entités : c’est le côté chape de plomb. Leurs directions respectives ne supportent pas que des salarié·e·s ­s’expriment sur leurs conditions de travail que ce soit lors d’une réunion interne, dans la presse ou via des tracts syndicaux. Le silence est d’or pourrait être la devise d’Arteum et d’AS.
Ainsi la direction d’Arteum a envoyé des consignes à l’ensemble des responsables de ses boutiques pour qu’ils/elles parviennent à déterminer l’origine des informations qui ont permis à Sud Culture d’alerter sur les dangers qui couraient avec la reprise de la ­librairie du Mucem.
Quant à la direction d’AS, elle n’a pas supporté qu’apparaissent dans la presse ses magouilles foncières et financières financées par le prêt garanti par l’État. Ainsi la publication dans le journal L’Arlésienne de l’article « Quand Capitani s’apprête à s’engraisser sur le dos d’Actes Sud » s’est soldée récemment par le licenciement de deux salarié·e·s pour faute grave. Dans la dernière note envoyée aux trois cents salarié·e·s, le directoire du groupe AS se félicite de cette année historique et du résultat financier positif pour l’année 2020. Pas un mot en revanche sur les deux ­librairies qui ont été fermées ou revendues…

Même si c’est la fin de la section syndicale pour les librairies Maupetit-Mucem, Sud Culture 13 continuera de défendre les salarié·e·s qu’ils·elles travaillent dans des petites librairies indépendantes, dans des librairies appartenant à des groupes, dans des grandes surfaces culturelles, des boutiques de musée, etc.

Marseille, le 25 juin 2021

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Quelques hypothèses quant à l’avenir de la Librairie du Mucem après sa reprise par Arteum

L’idée première du texte ci-dessous était de s’adresser aux administrateurs et administratrices du Mucem alors qu’ils·elles voteront au début du mois de mars la reprise de la librairie du Mucem, et de leur transmette notre inquiétude quant à cette reprise par le groupe Arteum.

Ce texte n’est pas un scénario catastrophe mais un agrégat de faits qui se passent ou se sont passées dans des boutiques gérées par Arteum.

Il nous semble intéressant de rendre ce texte public d’autant plus que dans le même temps où Actes Sud se débarrasse de certaines de ces librairies jugées non rentables (Epona en 2020, librairie du Mucem en 2021), Actes Sud est en plein tripatouillage foncier et financier à Arles pour le plus grand bonheur de ses actionnaires (voir l’article « Quand Capitani s’apprête à s’engraisser sur le dos d’Actes Sud » sur le site du journal L’Arlésienne).


Arteum est une petite société qui grossit, grossit et qui s’est spécialisée depuis quelques années dans les boutiques de musées. Elle comptait une trentaine de salarié·e·s en 2012 et entre 150 et 200 aujourd’hui pour une vingtaine de lieux. Arteum grignote essentiellement sur les plates-bandes de la RMN-GP mais a également repris des boutiques et des librairies aux cinémas MK2 et a aussi la volonté de s’étendre en Europe.

La direction d’Arteum affirme : « La place de la librairie est centrale dans chacune de nos boutiques ». La réalité montre pourtant l’inverse, sauf à comprendre que faire des piles de catalogues ou des meilleures ventes comme dans la grande distribution soit le propre du travail d’un·e libraire… Là-dessus Actes Sud (AS) et Arteum convergent puisque la direction d’AS a affirmé à ses salarié·e·s que la librairie de fonds c’était fini au Mucem, que ça ne marchait pas.

Il est probable que la librairie de fonds soit remplacée par des foulards, des bijoux et autres objets. La part du chiffre d’affaires (CA) consacré au livre passera de 95 % à 50-60 % dans le meilleur des cas. Jusqu’à présent le livre représentait environ 95 % du CA de la librairie du Mucem. Pour information 20 % des billets sur la page Facebook d’Arteum concernent des livres et 80 % des objets…

Ce qui faisait la surprise et la joie de la plupart des personnes qui rentraient dans la librairie — « incroyable, quel fonds, on n’aurait pas pensé trouver ça dans un musée » –, à savoir des milliers de livres consacrés à la Méditerranée (littérature, sciences humaines…) mais aussi des tables sur l’urbanisme, l’histoire, la jeunesse, l’histoire de l’art, la rentrée littéraire, etc., va probablement disparaître assez rapidement le temps qu’Arteum montre patte blanche, avant de ne plus tenir ses promesses.

Comme la direction d’Arteum ne connaît pas grand-chose à la chaîne du livre – à la différence des libraires qui y travaillent – à son arrivée elle installera sans doute un logiciel de gestion qui n’est pas relié aux canaux du livre (Dilicom, base de données de librairie…). Toute opération (réassort, commande…) prendra environ cinq fois de plus de temps qu’avant.

De même, il est possible que des comptes fournisseurs soient bloqués pendant plusieurs mois sans que cela gêne la direction alors que les libraires ne peuvent plus passer de commande. Toute ressemblance avec une situation déjà rencontrée serait fortuite…

Il est probable que les libraires n’aient plus entièrement la main sur les commandes au profit de la centrale d’achat qui dictera ses consignes se contentant des catalogues des expositions en cours et des meilleures ventes. Il est aussi possible que les libraires ne puissent commander ce qu’ils·elles veulent pour les tables de la rentrée et de Noël alors que ce sont les mois les plus vendeurs.

De même, il ne sera probablement plus possible de commander auprès de petits diffuseurs ni de prendre des livres ou des CD en dépôt (pratique habituelle avec les éditions du Mucem et ponctuelle pour les événements à l’auditorium).

Côté « ressources humaines » ce n’est pas mieux !

Il arrive, en période de chômage partiel outre le fait que les salarié·e·s ne soient payé·e·s qu’à hauteur de 84 %, qu’ils·elles ne reçoivent pas les primes qu’ils·elles touchent habituellement.

Le modèle Arteum ce sont des boutiques soi-disant autonomes mais un seul employeur et un CSE unique où il semblerait que les représentant·e·s du personnel viennent uniquement de l’encadrement ou la direction !

Dans ce contexte on comprend mieux pourquoi, à l’idée d’être repris par ce nouvel employeur, plusieurs salarié·e·s de la librairie du Mucem ont démissionné ces derniers mois. Il ne faudra malheureusement pas trop s’étonner si les salarié·e·s de la future équipe dépriment et/ou cherchent à partir ni que les client·e·s aillent voir ailleurs d’autant plus que depuis 2-3 ans le nombre de librairies repart à la hausse à Marseille.

On comprend mieux pourquoi à Paris des professionel·le·s du livre utilisent le terme de « fossoyeur » à propos d’Arteum.

Marseille, le 2 février 2021

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Grève avant liquidation à la librairie du Mucem !

Le Mucem et sa librairie ont beau être fermés, la section syndicale Sud Culture Solidaires pour les librairies Maupetit et du Mucem appelle néanmoins à la grève !

En effet, depuis plusieurs mois et entre deux confinements, les salarié·e·s de la librairie du Mucem travaillent dans des conditions très pénibles : rumeurs de fermeture définitive, départs non remplacés, mépris permanent de la direction, etc.

Actes Sud a décidé pour des raisons financières de se débarrasser de la librairie du Mucem, rattachée à la librairie Maupetit et filiale du groupe Actes Sud. Cela permettra à Maupetit de se retrouver plus rapidement à l’équilibre puis de dégager des bénéfices.

Rien de très original malheureusement ! Les salarié·e·s ne sont que des variables d’ajustement au gré des choix des actionnaires.

Alors que les libraires viennent d’apprendre qu’un repreneur arrivait d’ici quelques mois, Sud Culture appelle donc à la grève (cf. courrier ci-dessous) et demande notamment que les salarié·e·s soient traité·e·s correctement et respecté·e·s, que des conditions de départ soient proposées aux personnes qui ne souhaitent pas travailler dans une boutique de produits dérivés puisque la librairie de fond c’est fini.

« Actes Sud se débarrasse de la librairie du Mucem »

À lire sur le site du journal Le Ravi

« Pointé par ses salariés, Actes Sud devrait lâcher la librairie du Mucem »

À lire sur le site du journal La Marseillaise

« Marseille : Actes Sud cédera la librairie du Mucem à Arteum, “une perspective adaptée” »

À lire sur le site d’Actualitté

« Actes Sud veut céder la librairie du Mucem à Arteum »

À lire sur le site du journal La Provence

« La librairie du Mucem bientôt cédée à Arteum dans un climat social tendu »

À lire sur le site de Livres Hebdo

Marseille, le 14 décembre 2020

À l’attention du directeur des librairies Maupetit et du Mucem

Monsieur,

Eu égard à la situation de délitement qui perdure au sein de la librairie du Mucem depuis plusieurs mois et qui a pour première conséquence le haut niveau d’angoisse, de mésestime et de mépris vécu par l’ensemble des salarié·e·s de cette librairie, la section syndicale Sud Culture Solidaires pour les deux librairies appelle à la grève à partir du 15 décembre 2020.

Les salarié·e·s qui désirent se mettre en grève pourront le faire soit sur le temps de leur prise de poste, soit sur la demi-journée, ou bien sur la journée entière et ce tant que cet appel perdure.

Je me permets de reprendre quelques éléments du courrier que je vous ai fait parvenir le 29 novembre en tant que délégué syndical ; courrier pour lequel je n’ai reçu aucune réponse.

L’inquiétude est alimentée par les résultats négatifs de la librairie et des petites phrases telles que « vous savez, il suffit d’un courrier et la librairie ferme dans six mois » ou « il n’y a pas d’avenir à la librairie du Mucem ». Suite aux questions posées à plusieurs reprises par les instances représentatives du personnel depuis juillet 2020, le directeur général d’Actes Sud a déclaré le 20 octobre qu’il était à la recherche d’un repreneur et que plusieurs scenarii étaient à l’étude. Le CSE extraordinaire du 10 décembre a mis un terme au suspens mais pas à l’inquiétude.

Par ailleurs l’attente a été tout sauf sereine puisque outre les 5 mois de fermeture liée au Covid qu’a connu la librairie, les salarié·e·s de la librairie du Mucem ont pu assister :

  • au départ de la très regrettée responsable de la librairie – un départ non-remplacé !
  • à la démission de la personne chargée notamment de la réception – et votre refus qu’il profite de son préavis pour transmettre ses compétences et savoir-faire qu’il est le seul à maîtriser sur certaines tâches.
  • aux départs pendant leur période d’essai des deux personnes embauchées en CDD.

Lors du CSE extraordinaire du 10 décembre – dont la mise en place déroge sur plusieurs aspects au droit du travail – des représentant·e·s du personnel ont donc été informé·e·s qu’Actes Sud avait trouvé un repreneur et que la proposition allait être transmise à la direction du Mucem. La garantie que les contrats de travail soient repris n’est qu’à moitié rassurante (quelles modalités ? quelle amplitude horaire ? quelle rémunération le dimanche ? quel management ?…). Par ailleurs le tout est accompagné d’un discours répété avec insistance qu’une librairie de fond ça ne marche pas et qu’il faut faire autre chose. D’où l’arrivée d’Arteum spécialiste de la boutique de musée et de la fabrication et la vente de produits dérivés.

La demande formulée par l’ensemble des salarié·e·s lors de la réunion du 23 novembre de moyens et de reconnaissance pour assumer collégialement la prise en charge des tâches de la responsable est elle aussi restée sans réponse. Pourtant l’équipe continue de faire tout son possible pour tenir le gouvernail d’un radeau à la dérive.

Nos revendications :

  • les demandes et questions des salarié·e·s ne doivent pas rester sans réponse ;
  • des propositions de conditions de départ pour les salarié·e·s qui ne souhaiteraient pas être repris par Arteum ;
  • des propositions de reclassement au sein de Maupetit pour les salarié·e·s qui le souhaiteraient ;
  • pérennisation des embauches en CDD à la réouverture ;
  • fin des inégalités de salaire entre libraires de Maupetit et libraires du Mucem ;
  • les salarié·e·s doivent être traité·e·s correctement et respecté·e·s et pas uniquement quand ils·elles servent de force d’appoint à la librairie Maupetit pendant les périodes de confinement et de fin d’année.

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Décidément, nous n’avons pas les mêmes intérêts !

Depuis plusieurs semaines la librairie est au cœur de l’actualité. Nous assistons à un front quasi unanime pour la réouverture des librairies regroupant Amazon (!), la grande distribution, les syndicats patronaux du secteur du livre (SLF et SNE) ainsi que certains ministres. Les petites mains qui font tourner ces ­fameuses librairies sont, elles, inaudibles.

Pour cause, bon nombre de ces salarié·e·s payé·e·s des clopinettes s’épuisent à faire du « click & collect » et attendent avec inquiétude de connaître dans quelles conditions vont rouvrir les magasins où ils·elles travaillent.

L’intense communication sur le « click & collect » fait craindre la progressive transformation des librairies en Amazon de proximité. Le métier se transforme malgré lui. Qui donc a intérêt à encourager la dématérialisation tout en élargissant les horaires d’ouverture ? Certainement pas les salarié·e·s. Pourquoi, tant qu’on n’y est, ne pas mettre en place des équipes de nuit pour préparer les commandes (si possible avec la possibilité de choisir le motif de l’emballage cadeau…) ?

Pour nos dirigeants, le critère de nécessité évoqué en permanence ne renvoie qu’à des activités générant du profit, mais la librairie étant le commerce qui a les marges les plus faibles, c’est compliqué ! D’ailleurs certains groupes dont Gibert ont, à la faveur du premier confinement fermé brutalement des librairies « non-rentables », d’autres se restructurent ou préparent des fusions partielles (Editis-Hachette). Nul doute qu’il en sera de même à la suite du deuxième confinement. Les menaces qui pèsent sur Gibert Jeune n’étant qu’un exemple.

Dans ce contexte, la dernière trouvaille du syndicat des patrons de librairie détonne : le SLF dans sa newsletter du 17 novembre 2020 annonce un partenariat entre Korian et le portail librairiesindependantes.com (une émanation du SLF). Il fallait oser faire de la pub pour le groupe Korian en pleine crise sanitaire qui touche particulièrement les personnes vivant en Ehpad. Korian s’est en effet illustré à maintes reprises ses dernières années par sa capacité à engraisser ses actionnaires sur le dos des personnes âgées qui vivent dans ses Ehpad, ses cliniques spécialisées et ses résidences service.

Ces dernières années, Korian a versé des millions d’euros de dividendes à ses actionnaires. À l’exception toutefois de 2020 où, probablement pris de remords, le groupe a renoncé. Pour exemple, en 2019, ces derniers ont reçu en tout 50 millions d’euros tandis que la directrice générale voyait ses revenus annuels atteindre un million d’euros.

Dans le même temps, des patients meurent d’intoxication alimentaire, des salarié·e·s font l’objet de procédures disciplinaires ou de licenciements pour avoir témoigné de leurs conditions de travail et des mauvais traitements que subissent certain·e·s usager·e·s. Dans la droite ligne de la politique catastrophique de santé publique du gouvernement, Korian rogne sur les effectifs, sur les moyens de protection, de dépistage au sein des établissements qu’il gère. Officiellement tout va bien, pourtant les plaintes pour des faits d’homicide involontaire, mise en danger de la vie d’autrui et non-assistance à personne en danger se multiplient.

Une chose est bien commune aux librairies et aux Ehpad de Korian : la non-reconnaissance des statuts. De la même façon que nombre de libraires « niveau 2 » font un travail de gestionnaire, nombre d’agents de propreté font à Korian le travail d’aide-soignant·e, d’infirmier·e.

Nos organisations demandent donc que soit mis fin sans délai à ce partenariat qui déshonore notre profession.

Marseille & Paris, 19 novembre 2020

Pour plus d’information sur Korian, consulter le
blog de la section Korian du syndicat Sud Santé sociaux

SUD CULTURE 13 Librairie
29, bd Longchamp, 13001 Marseille sudculture13(a)gmail.com

Section CGT Gibert Joseph
26-34 boulevard Saint-Michel, 75006 Paris
cgt.librairies(a)gmail.com

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