Un point sur la situation des salarié·e·s d’Arteum à Marseille et Paris alors que les libraires d’Arteum-MK2 Arteum Quai de Loire sont en grève à partir du 18 décembre 2021.
Les diverses inquiétudes que le syndicat Sud Culture a exprimé au printemps 2021 concernant le transfert de la librairie du Mucem d’Actes Sud à Arteum n’ont pas disparu, loin s’en faut.
Après six mois de fonctionnement de la nouvelle libraire-boutique du Mucem la crainte qu’il se passe au Mucem ce qui s’est passé dans les librairies parisiennes reprises par Arteum, soit : sabordage de l’activité librairie, perte de sens et d’autonomie pour les libraires, management délétère, etc., est confirmée.
La menace de sanction comme (seule) technique de gestion
À Paris comme à Marseille les salarié·e·s sont considéré·e·s comme des pions dont on peut modifier les emplois du temps à volonté et à qui on peut rajouter des tâches (comme faire de la présence sur les réseaux sociaux y compris pour faire de la pub pour la figure Playmobil de Napoléon 1er) sans leur demander leur avis.
Ces mêmes salarié·e·s sont méprisé·e·s dès qu’ils/elles posent des questions ou demandent simplement à avoir des outils en adéquation avec leur métier et à disposer d’un choix de produits qui soit pertinent par rapport à leur lieu de travail. La direction leur répond que c’est bien pire ailleurs et que la situation financière d’Arteum n’est pas bonne. Pour autant, si les commandes de livres sont bloquées ou très restreintes, les produits dérivés, eux, continuent d’affluer…
La direction peut aussi sortir des arguments mensongers concernant certaines demandes. Par exemple ça serait à cause de la loi Lang sur le prix unique du livre que les salarié·e·s ne pourraient pas avoir 20 à 30 % de remise sur les livres qu’ils/elles achètent. Étonnamment ça se fait partout ailleurs et c’est autorisé.
Tout est prétexte à menace de sanction : objectif non atteint, absence non prévue, dépassement de budget d’achat, prise de parole, etc.
Arteum qui ne se préoccupe guère de la santé psychologique ou physique de ses équipes, a par contre établi son propre calendrier vaccinal obligatoire même si celui-ci ne respecte pas les préconisations de la Haute autorité de santé.
Arteum fossoyeur de la librairie
C’est dans ce contexte difficile où la pression est mise sur les salarié·e·s pour qu’il y ait moins de livres mais de plus en plus de produits dérivés et de gadgets, source de davantage de bénéfice pour la direction d’Arteum, que les dix salarié·e·s des boutiques et librairies MK2 Quai de la Loire et BNF à Paris ont appris la fermeture définitive de leur lieu de travail au 31 décembre 2021.
À part leur dire que tout le monde sera « recasé » au sein d’Arteum les personnes concernées n’ont guère d’informations et sont sommées d’accepter les propositions qui leurs sont faites même si elles subissent une déqualification de leur métier, que les propositions et lieux proposés ne correspondent pas aux profils des librairies généralistes et/ou DVDaire avec le risque de mise au placard que cela représente et tout cela au mépris de leurs compétences et expériences professionnelles. Les salarié·e·s ne sont pas des denrées interchangeables !
C’est le même genre de discours que la direction d’Actes sud avait délivré aux salarié·e·s de la librairie du Mucem lors de leur transfert vers Arteum : « Vous verrez, c’est une opportunité, une très bonne solution ».
Autant Arteum incite très fortement le personnel à investir les réseaux sociaux pour promouvoir les produits vendus par Arteum, autant aucune information publique n’est parue concernant la fermeture de ces deux lieux alors que c’est dans 15 jours ! Les client·e·s et habitué·e·s ne sont pourtant pas dupes.
Les salarié·e·s d’Arteum (et d’ailleurs…) doivent pouvoir travailler dans des conditions correctes, être respecté·e·s et non pas méprisé·e·s, avoir des salaires décents, etc. Le droit du travail et les conventions collectives doivent être appliquées.
Sud Culture appuiera les futures créations de sections syndicales au sein d’Arteum. Même si nous ne nous leurrons pas sur les possibilités données aux représentant·e·s des salarié·e·s de remplir leur mission, il y a un enjeu important à ce que le CSE d’Arteum dispose d’un collège employé et pas seulement d’un collège cadre composé essentiellement des directeurs et directrices de boutiques dont les intérêts sont évidemment très éloignés des petites mains qui travaillent au quotidien : libraires, vendeurs, vendeuses, réceptionnaires, etc.
Solidarité avec les salarié·e·s de Arteum-MK2 en grève le samedi 18 décembre 2021